Sommaire
- Les heures supplémentaires ouvrent des perspectives d’avancement ou de hausse de salaire
- Des chercheurs de l’Université de Londres ont interrogé 50.000 salariés pour le vérifier
- Travailler trop dur ou trop longtemps affecte les performances à terme
- Les effets secondaires de l’excès de travail pèsent plus lourd que les avantages
- Une plus grande autonomie permettrait aux salariés de conjuguer travail et bien-être
Les résultats effectifs d’un salarié demeurent difficiles à mesurer tant leurs tâches peuvent être interdépendantes.
Travailler beaucoup est souvent perçu positivement. Les salariés qui restent plus longtemps au bureau ont ainsi plus de chances de recevoir une promotion ou une augmentation de salaire. Jean Tirole, prix Nobel d’économie, nous livre une explication basée sur la théorie des contrats : le domaine de l’économie qui étudie le rapport entre le risque et l’espérance de gain. Les résultats effectifs d’un salarié demeurent difficiles à mesurer tant leurs tâches peuvent être interdépendantes. Un employeur rationnel a ainsi tendance à évaluer les prestations d’un salarié sur la base de critères vérifiables comme le nombre d’heures prestées au bureau.
Heures supplémentaires et intensité
Une étude récente de l’Université de Londres s’est penchée sur l’impact de l’engagement au travail sur la carrière et le bien-être des salariés. La notion d’engagement regroupe 2 composantes. La durée du travail est évidemment cruciale. Un salarié qui preste régulièrement des heures supplémentaires est plus engagé. L’intensité du travail fourni est également importante. Un salarié faisant preuve d’une plus grande intensité au travail effectue plus de tâches durant une période donnée. La durée du travail est le facteur le plus déterminant pour les salariés hautement qualifiés. L’intensité concerne davantage les peu qualifiés.
Facteurs de stress
En excès, les deux composantes de l’engagement au travail ont un impact négatif pour les salariés concernés. Les longues journées de travail sont synonymes d’exposition prolongée aux facteurs de stress et de périodes de repos plus courtes entre les journées de travail. Une intensité plus importante réduit la capacité du corps et de l’esprit à récupérer, le salarié ayant moins de possibilités de prendre des pauses durant la journée. À terme, l’impact combiné de la fatigue et du stress accumulés peut nuire à la productivité du salarié. Sa carrière pourrait dès lors en souffrir.
Les longues journées de travail sont synonymes d’exposition prolongée aux facteurs de stress et de périodes de repos plus courtes.Arne Maes
Offrir plus d’autonomie
Argyro Avgoustaki et Hans Frankfort ont interrogé plus de 50.000 salariés européens entre 2010 et 2015. Ils sont arrivés à la conclusion que les salariés les plus engagés ont moins de chances d’être promus et sont moins satisfaits. Selon les chercheurs, l’effet autodestructeur des longues et dures journées de travail pèse plus lourd que les avantages. Les auteurs plaident pour plus d’autonomie pour le personnel. Les salariés qui ont plus de libertés dans l’organisation de leur travail seraient moins stressés, plus satisfaits et davantage impliqués. Les chercheurs souscrivent aussi aux récentes initiatives de la France et de l’Italie en matière de droit à la déconnexion qui ont permis de baliser la journée de travail pour certains salariés.