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Les monopoles dans le viseur de banquiers centraux
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8 OCT

Les monopoles dans le viseur de banquiers centraux

8-10-2018
Arne Maes – Senior Economist
Arne Maes Senior Economist
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Rédigé le 5-10-2018 10:49
Publié le 8-10-2018 10:49
Les autorités s’efforcent d’atténuer l’impact de la concentration des marchés. À Jackson Hole, la Fed a aiguillé leur réflexion pour faire face aux nouvelles formes de monopoles.
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Sommaire

  • La concentration des marchés a toujours existé, mais a pris de nouvelles formes
  • Les actifs immatériels comme les logiciels et les brevets deviennent cruciaux
  • Quand une entreprise en possède beaucoup, le risque de concentration est plus important
  • La concentration d’un marché n’est pas nécessairement négative
  • Les effets néfastes d’une forte concentration dépendent du secteur
  • Le droit de la concurrence doit être réformé
Le phénomène de concentration des marchés a toujours existé. L’utilisateur final en a parfois bénéficié à travers des prix plus bas ou de meilleurs produits par exemple. Ils en ont également subi les conséquences quand des entreprises profitent d’une situation de monopole pour imposer des prix élevés. Réunis à Jackson Hole l’été dernier, les banquiers centraux de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont abordé la question de la concentration grandissante et de l’évolution des structures de marché. Les économistes Janice Eberly et Nicolas Crouzet de l’Université de Northwestern ont présenté une étude faisant le lien entre concentration des marchés et actifs immatériels.
Les investissements dans les logiciels, technologies et marques de géants technologiques comme Apple ou Amazon augmentent leur pouvoir de marché.Arne Maes

Nouvelle économie

Les actifs immatériels sont devenus cruciaux dans l’économie actuelle. Cela regroupe tous les actifs sans substance physique tels que des sites Internet, des logiciels, des brevets, de la recherche et développement, des marques et le goodwill (plus-value par rapport aux fonds propres en raison par exemple d’un processus innovant ou de la force d’une marque). Exemple concret : les investissements dans les logiciels, processus, technologies et marques de géants technologiques comme Apple ou Amazon augmentent leur pouvoir de marché. L’impact des investissements dans des actifs tangibles comme des machines et des usines est bien moindre.

Concentration des marchés

Janice Eberly et Nicolas Crouzet ont également constaté une forte corrélation entre part de marché d’une entreprise et importance de son capital immatériel. En d’autres termes, plus la part du capital immatériel d’une entreprise dans son capital total est élevée, plus l’importance de cette entreprise sur son marché est grande.
Lorsqu’une organisation dispose d’une importante part de marché, cela peut avoir des effets tant positifs que négatifs pour les utilisateurs finaux. Selon les chercheurs, l’impact dépend de l’origine de la concentration du marché : hausse de la productivité ou accroissement du pouvoir de marché.

Pouvoir de marché ou productivité ?

Les entreprises qui parviennent à optimaliser leur processus de production plus rapidement que leurs pairs bénéficient d’un avantage concurrentiel : coûts de production plus bas ou produit supérieur. Leur part de marché augmente en conséquence. L’utilisateur final en profite normalement aussi. Cela n’est pas le cas quand la concentration du marché résulte d’un plus fort pouvoir de marché. Dans une telle situation, les grandes entreprises peuvent imposer des prix élevés aux utilisateurs finaux leur permettant de générer d’importantes marges bénéficiaires. Ce cas de figure est évidemment moins favorable pour les consommateurs.
Dans le secteur des soins de santé, l’innovation se traduit par des brevets, des actifs immatériels renforçant le pouvoir de marché.

Différent selon les secteurs

Les chercheurs ont aussi constaté que la dynamique varie d’une industrie à l’autre. Dans le secteur de la consommation, il semble que les gains de productivité sont déterminants. Le développement et la mise en œuvre de nouveaux systèmes d’approvisionnement, de méthodes de distribution ou de plateformes en ligne expliquent en grande partie la plus forte concentration du marché. Dans le secteur de la santé, il est davantage question d’accroissement du pouvoir de marché. Les marges bénéficiaires augmentent structurellement depuis plusieurs années. Dans ce secteur, l’innovation se traduit généralement par des brevets, des actifs immatériels qui ont tendance à encore renforcer le pouvoir de marché.

Nouvelles règles

La principale interrogation est de savoir si le droit de la concurrence est adapté pour faire face à l’importance grandissante des actifs immatériels en termes de pouvoir de marché. Le symposium de la Fed a dans tous les cas permis de conscientiser les banquiers centraux au problème. Aux 4 coins du monde, les régulateurs œuvrent afin de continuer à garantir les droits des consommateurs, y compris quand ils sont confrontés à des conditions de marché nouvelles et parfois complexes à examiner. La chercheuse Lina M. Khan a suggéré la réponse en titrant son intervention : Amazon’s Antitrust Paradox (le paradoxe des autorités de la concurrence face à Amazon).

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