Sommaire
- Plus haut, plus vite
- La faillite de SVB a fait rebaisser les taux
- Faut-il craindre une contagion au système bancaire américain ?
- Les salaires US progressent moins vite
- La semaine qui débute sera encore intense
Les rendements obligataires se sont tendus puis ont chuté. Sur la semaine, le S&P500 a cédé 4,6% et le Stoxx Europe 600 2,3%.
Plus haut, plus vite
Mardi, les taux d’intérêt se sont tendus et les rendements des US Treasury à 2 ans ont atteint 5% suite aux déclarations de Jerome Powell selon lesquelles la banque centrale était susceptible de relever ses taux d’intérêt plus fort et potentiellement plus vite qu’anticipé précédemment. Les anticipations du taux terminal de ce cycle de hausse ont grimpé jusqu’à 5,64%.
La faillite de SVB a fait rebaisser les taux
Jeudi, les taux ont dégringolé à l’annonce de la faillite de SVB, la plus grosse faillite bancaire depuis des années. La hausse des taux n’a-t-elle pas (trop) fragilisé les banques régionales ? Cela va-t-il rendre la Fed plus prudente ?
SVB n’est pas une banque classique qui collecte des dépôts auprès du grand public. C’est une banque régionale spécialisée dans le financement des start-ups technologiques. Les problèmes de SVB ont commencé avec le boom de l’investissement qui a suivi le début de la pandémie. La banque a été submergée par les milliards que les jeunes entreprises ont reçu de leurs investisseurs. Ne pouvant pas tout prêter, SVB a investi en obligations du Trésor US à très faibles rendements mais qui ne coûtaient rien en ratios prudentiels. La hausse des taux a provoqué d’énormes pertes latentes alors que les dépôts des entreprises devenaient de plus en plus chers à rémunérer.
Avec un bilan particulièrement déséquilibré et un gros besoin de cash, le plan de recapitalisation de SVB, via une augmentation de capital de 1,75 milliard de dollars, a fait peur aux clients et contreparties et provoqué des retraits massifs forçant l’intervention du FDIC (Federal Deposit Insurance Corporation), l’agence qui garantit les dépôts et gère les faillites bancaires.
Faut-il craindre une contagion au système bancaire américain ?
Pas vraiment. Il ne devrait pas y avoir de grosses surprises au niveau des pertes non réalisées sur le portefeuille obligataire des grandes banques car celles-ci sont obligées d’évaluer leurs obligations à leur valeur de marché. La plupart des banques américaines sont bien capitalisées et ont récemment réussi le stress test de solvabilité imposé par la Fed.
Vendredi soir, on notait que les CDS (Credit Default Swaps – les ‘primes d’assurances obligataires’) des banques US avaient très peu augmenté.
Dans la nuit de dimanche à lundi, la Fed, le Trésor US (ministère des finances) et le FDIC ont annoncé que tous les déposants (y compris les non-assurés) de SVB seront protégés. La Fed a déclaré être prête à faire face à toutes tensions sur les liquidités bancaires, en ouvrant un « nouveau programme de financement bancaire » offrant des prêts aux institutions de dépôts qui mettent en garanties des obligations valorisées à leur valeur faciale. Les banques pourront donc obtenir des capitaux sans devoir les vendre et acter des moins-values. Cela devrait éviter toute contagion, la leçon de Lehman Brothers a été retenue.
Cette faillite ne devrait donc pas engendrer une crise systémique. Encore moins en Europe où les bilans sont très solides et où les portefeuilles obligataires ont peu évolué ces dernières années.
Les salaires US progressent moins vite
Vendredi, l’annonce de 310.000 créations d’emplois en février (225.000 attendus), après le record de 504.000 en janvier, a fait repartir brièvement les taux d’intérêt à la hausse. Mais le chômage a augmenté de 3,4% à 3,6% et les salaires n’ont progressé que de 0,2% sur le mois (0,3% attendu) et 4,7% sur un an. Cela a calmé un peu les choses. Les taux à 2 ans ont terminé la semaine à 4,6% (contre 5% au plus haut) et l’anticipation du taux terminal à 5,3% (5,6% mercredi).
La semaine qui débute sera encore intense
Aujourd’hui, toute l’attention portera sur l’inflation américaine en février. Le consensus des économistes table sur une baisse de 6,4% à 6%.
Le risque de contagion dans le système bancaire semble écarté. Mais à la fin de tout cycle de hausses des taux arrive une phase où des choses commencent à se détériorer dans le système financier. Ces ruptures, petites ou grandes, érodent la confiance des investisseurs, des consommateurs et des entreprises, augmentant ainsi le risque de récession. Les banques centrales devraient en tenir compte. C’est ce que nous dit le marché obligataire. Les actions vont-elles en tirer un certain réconfort ?
Chiffres clés du 6/3/2023 au 10/3/2023
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Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2023 |
Belgique: Bel-20 |
3746,75 |
-3,56% |
1,23% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
453,76 |
-2,26% |
6,79% |
USA: S&P500 |
3861,59 |
-4,55% |
0,58% |
Japon: Nikkei |
28143,97 |
0,78% |
7,85% |
Chine: Shangai Composite |
3230,08 |
-2,95% |
4,56% |
Hongkong: Hang Seng |
19319,92 |
-6,07% |
-2,33% |
Euro/dollar |
1,07 |
0,85% |
0,14% |
Brent pétrole |
81,70 |
-4,99% |
-3,79% |
Or |
1859,13 |
0,70% |
2,40% |
Taux belge à 10 ans |
3,16 |
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Taux allemand à 10 ans |
2,50 |
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Taux américain à 10 ans |
3,70 |
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Source : Refinitiv Datastream