Sommaire
- Le baril de Brent à 90 $
- Vers une nouvelle crise de l’énergie ?
- La conjoncture mondiale pèse sur les prix
- Quid de la production pétrolière américaine ?
- Conclusions
Le baril de Brent à 90 $
Les taux longs se sont tendus à l’annonce par l’Arabie Saoudite et la Russie d’une prolongation jusqu’à la fin de l’année de leur réduction de production de pétrole. Le Stoxx Europe 600 a cédé 0,2% et le S&P 500 0,4%. Les taux US à 10 ans sont remontés à 4,26%.
L’Arabie Saoudite a annoncé qu’elle prolongerait sa réduction volontaire de production d’un million de barils par jour (mb/j) jusque fin décembre. Sa production a diminué d’environ 10,5 mb/j en avril à 9 mb/j suite à l’effet combiné des restrictions de production décidées au sein de l’OPEP+ et à sa décision unilatérale de réduire sa production de 1 mb/j supplémentaire en juillet et août. La Russie qui codirige l’OPEP+ avec l’Arabie Saoudite, a annoncé elle aussi une réduction de 300.000 b/j jusque fin décembre.
Une fois de plus, L’Arabie Saoudite a surpris les prévisionnistes qui s’attendaient à une prolongation à octobre uniquement. Le prix du Brent est remonté de 75 $ à fin juin à 90 $ hier, soit une hausse de près de 20%.
Vers une nouvelle crise de l’énergie ?
Sans nier l’effet négatif de la hausse des prix du pétrole brut sur l’inflation, une hausse massive de l’ensemble de prix de l’énergie comme l’an dernier est peu probable.
En Europe, les réserves de gaz naturel sont déjà remplies à 93,4% avec près de deux mois d’avance par rapport aux années précédentes. Les prix tournent autour de 35 € par mégawattheure contre 339 € au plus haut en août l’an dernier. Aux États-Unis, le gaz naturel se traite à 8,2 € par MWh, soit 4 fois moins cher. Depuis un an, les américains ont augmenté leurs capacités d’exportation et les européens leurs capacités d’importation de gaz liquéfié. Il ne devrait donc pas y avoir de pénurie. Au contraire, si l’hiver est doux, les prix pourraient même baisser. Les prix du gaz sont importants pour les prix de l’électricité
La conjoncture mondiale pèse sur les prix
La raison pour laquelle l’Arabie Saoudite tente de réguler l’offre de pétrole brut est le risque d’effondrement des prix lié au ralentissement de l’économie mondiale. En Chine, premier importateur de pétrole au monde, la demande est inférieure aux prévisions car le rebond de l’économie post-covid est décevant et handicapé par la crise immobilière. L’Europe est en quasi récession et les États-Unis ralentissent également, lentement mais certainement.
Les prix du pétrole sont habituellement très sensibles à la conjoncture économique. Un surplus ou un déficit de 2 millions de barils par jour suffit pour provoquer de grandes fluctuations de prix. Relativement, c’est peu, environ 2% de la consommation mondiale (100 millions b/j). La décision unilatérale de l’Arabie Saoudite est donc significative.
Idéalement, ce pays aurait besoin de 100$ par baril pour financer son ambitieux programme de diversification de son économie.
Quid de la production pétrolière américaine ?
La production de pétrole de schiste ne devrait pas augmenter dans les prochains mois. Au total, la production américaine a progressé cette année de 12 à 12,8 millions de barils par jours alors que le nombre de puits actifs a diminué de 621 à 512. Dès que les prix du WTI (West Texas Intermediate) descendent sous 70$/baril, les investissements diminuent. Maintenant que le WTI est remonté à 86,7$, les investissements devraient reprendre avec un effet sur la production six mois plus tard.
Mais la capacité de production des États-Unis atteint ses limites, car les champs pétrolifères les plus faciles ont déjà été exploités.
Le prix des carburants est un enjeux important pour les élections présidentielles de 2024. Face à cette situation, l’administration Biden reconnait qu’elle est en train de graduellement relâcher certaines des sanctions liées au pétrole affectant l’Iran et le Venezuela pour leur permettre de mieux alimenter le marché.
Conclusions
Il est probable que les prix du baril de brut resteront élevés d’ici la fin de l’année. Nous voyons le Brent évoluer entre 85 et 95 dollars. Pas plus car le ralentissement de l’économie mondiale et la cherté du baril devraient peser sur la demande et donc sur les prix.
La situation du gaz naturel est très différente même s’il y a des effets de substitution dans l’industrie entre gaz et pétrole. Au total il devrait y avoir un effet négatif sur l’inflation mais une nouvelle crise de l’énergie semble assez peu probable.
La cherté du prix pétrole augmente la profitabilité des énergies alternatives. Les actions du secteur ont beaucoup souffert ces derniers mois de la hausse des coûts des matériaux et de ruptures dans les chaines d’approvisionnement. Mais ces problèmes se résolvent et les prix à la production sont maintenant en forte baisse. Un rebond du complexe des énergies alternatives est donc assez probable.
Chiffres clés du 5/9/2023
|
Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2023 |
Belgique: Bel-20 |
3652,31 |
-0,12% |
-1,32% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
456,90 |
-0,23% |
7,53% |
USA: S&P500 |
4496,83 |
-0,42% |
17,12% |
Japon: Nikkei |
33036,76 |
0,30% |
26,60% |
Chine: Shangai Composite |
3154,37 |
-0,71% |
2,11% |
Hongkong: Hang Seng |
18456,91 |
-2,06% |
-6,70% |
Euro/dollar |
1,07 |
-0,71% |
0,34% |
Brent pétrole |
89,07 |
0,00% |
4,89% |
Or |
1928,80 |
-0,49% |
6,23% |
Taux belge à 10 ans |
3,23 |
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Taux allemand à 10 ans |
2,61 |
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Taux américain à 10 ans |
4,27 |
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Source : Refinitiv Datastream