Aux États-Unis, l’inflation a été supérieure aux attentes pour le troisième mois consécutif, s’accélérant de 3,2% à 3,5% et hors énergie et alimentation restant inchangé à 3,8%. Rappelons qu’en zone euro, l’inflation a baissé de 2,6% à 2,4% et hors énergie et alimentation de 3,1% à 2,9%.
Les rendements obligataires sont fortement remontés aux États-Unis, les 2 ans frôlant 5% et les 10 ans 4,6%. En zone euro, les rendements sont également remontés mais moins fortement et cet écart s’est encore accru suite aux commentaires encourageants de Christine Lagarde après la réunion de la BCE.
Le message de la BCE a évolué et laisse clairement entendre que « si la tendance continue, il serait approprié de baisser les taux.» La BCE prépare donc le terrain à une baisse en juin, avant la Fed, car à la suite de la remontée de l’indice des prix, la probabilité d’une baisse des taux de la Fed en juin a baissé à moins de 30%.
Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion de la BCE, plusieurs journalistes ont posé la question de la possibilité d’une baisse des taux de la BCE sans que la Fed en fasse de même. La réponse de Christine Lagarde a été claire : «La BCE n’est pas liée à la Fed». « La nature de l’inflation est différente, les politiques fiscales sont différentes, la consommation et l’investissement sont différents». Sans aller jusqu’à le dire, cela implique que les politiques monétaires peuvent être différentes.
Le contre-argument est que si l’écart entre taux en dollar et en euro s’accroît, le dollar va s’apprécier et les importations dont les prix sont fixés en dollars (comme le pétrole) vont devenir plus chères et relancer l’inflation en zone euro. Le dollar s’est déjà apprécié de 2% sur la semaine…
Christine Lagarde a pris bien soin de dire que la BCE agira en fonction des chiffres disponibles début juin. Elle a insisté sur le fait que les tensions sur les salaires semblaient diminuer. C’est important car c’est cet argument de la hausse excessive des rémunérations qu’elle avait utilisé précédemment pour dire qu’il était trop tôt pour baisser les taux.
Peut-être que le fait que la Fed ne ferait que postposer sa première baisse de taux (probabilité de 100% en septembre), ne rendrait que très temporaire l’amélioration relative de la rémunération du dollar et donc la faiblesse de l’euro. Le problème principal de la zone euro n’est plus l’inflation mais l’absence de croissance, ce qui inciterait la BCE à ne pas attendre la Fed. Un euro plus faible aiderait les exportateurs européens.
L’argument a ses limites, car si les prix du pétrole continuent à monter pour des raisons géopolitiques, l’inflation redeviendra le problème numéro un.
Les rendements obligataires américains sont fortement remontés suite aux déceptions concernant la baisse de l’inflation. Mais curieusement, les bourses semblent beaucoup mieux supporter la remontée des taux longs qu’en septembre et octobre. Peut-être est-ce le fait que l’espoir de baisse des taux n’a pas disparu : l’économie américaine donne malgré tout quelques signes avant-coureurs de ralentissement.
La baisse inattendue des exportations chinoises montre que la reprise de la croissance chinoise pourrait décevoir. Ceci pourrait calmer un peu les matières premières en nette hausse depuis début avril.
Un autre élément expliquant la relative résilience de Wall Street, est l’espoir de surprises positives sur le plan des résultats des entreprises. La croissance de l’économie au premier trimestre ayant été plus forte que prévu, en sera-t-il de même pour les bénéfices ? Le consensus des analystes pour le S&P500 table sur une progressions des bénéfices de 3,8%.
La saison des résultats n’a pas trop bien commencé, ceux des grandes banques JP Morgan et Wells Fargo n’ont pas été convaincants, ce qui est un des éléments expliquant le recul des actions américaines vendredi.
Pour les prochains jours et semaines, il faut probablement s’attendre à plus de volatilité en fonction des publications de résultats. Les plus déterminants seront ceux des géants de la technologie et de la communication. Sans oublier les tensions géopolitiques qui se sont accrues entre l’Iran et Israël.
Chiffres clés du 8/4/2024 au 12/4/2024 |
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Index | Clôture | +/- | Depuis début 2024 |
Belgique: Bel-20 | 3850,04 | 0,41% | 3,84% |
Europe: Stoxx Europe 600 | 505,25 | -0,26% | 5,48% |
USA: S&P500 | 5123,41 | -1,56% | 7,41% |
Japon: Nikkei | 39523,55 | 1,36% | 18,11% |
Chine: Shangai Composite | 3019,47 | -1,62% | 1,50% |
Hongkong: Hang Seng | 16721,69 | -0,01% | -1,91% |
Euro/dollar | 1,06 | -1,73% | -3,77% |
Brent pétrole | 91,61 | 0,07% | 17,92% |
Or | 2412,97 | 3,87% | 16,83% |
Taux belge à 10 ans | 2,91 | ||
Taux allemand à 10 ans | 2,36 | ||
Taux américain à 10 ans | 4,52 |
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