En Europe, l’inflation est retombée en mars de 2,6% à 2,4%, ce qui ouvre aux yeux des marchés la voie à un premier abaissement des taux en juin. C’est ce qu’ils espèrent entendre Christine Lagarde leur dire aujourd’hui, après avoir décidé hier de laisser les taux inchangés. Aux Etats-Unis, la situation est un peu différente. L’inflation s’y montre depuis tout un temps plus tenace qu’on ne l’avait espéré, et les chiffres publiés hier ont confirmé cette tendance en révélant pour le mois écoulé une augmentation des prix à la consommation de 3,5% en glissement annuel. On est donc loin de la "trajectoire durable vers 2%" que Jerome Powell veut voir se dessiner avant de se résoudre à abaisser les taux.
De plus en plus d’observateurs se mettent à douter du scénario tablant sur un premier abaissement des taux en juin aux Etats-Unis. D’autres vont même jusqu’à dire que si Jerome Powell s’abstient de le faire, Christine Lagarde pourrait suivre son exemple pour éviter d’affaiblir l’euro par rapport au dollar. Reste à voir si un tel affaiblissement de la monnaie unique dérangerait vraiment la présidente de la BCE. Somme toute, un euro faible profiterait aux exportations européennes, et l’économie européenne a bien besoin d’un petit remontant. Contrairement aux Etats-Unis, la croissance stagne dans la zone euro, et elle provient en ce moment surtout du Sud, à savoir de l’Italie et de l’Espagne. Or, de nombreux crédits arriveront prochainement à échéance dans cette région, et leur refinancement à des taux supérieurs pourrait affecter les perspectives de croissance.
Il est donc toujours fort probable que la BCE procède à un premier abaissement des taux en juin. Aux Etats-Unis, c’est par contre moins évident, même si l’économie américaine apparemment invincible commence à manifester quelques signes de faiblesse. Le taux de chômage est toujours historiquement bas, mais on remarque au niveau sous-jacent un ralentissement de la création d’emploi, une diminution de la main-d’œuvre temporaire, une réticence à changer d’emploi, un affaiblissement du marché immobilier, une hausse des taux d’intérêt des crédits, une augmentation du nombre de défauts de paiement et ainsi de suite. Autant de signes qui trahissent tout de même un changement progressif de la conjoncture économique. Dans un tel contexte, une banque centrale se doit de relâcher le frein à temps pour éviter une contraction économique plus sévère.
En résumé, nous nous attendons toujours à une baisse des taux tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Une devise qui pourrait tirer profit de ce climat est le yen. N’ayant à l’époque pas suivi la BCE et la Fed dans leurs relèvements des taux, la banque centrale japonaise n’a en effet aujourd’hui aucune raison de les abaisser. Les taux japonais deviennent ainsi plus attrayants en termes relatifs, ce qui pourrait faire apparaître le yen dans la ligne de mire des investisseurs.
Chiffres clés du 10/4/2024 |
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Index | Clôture | +/- | Depuis début 2024 |
Belgique: Bel-20 | 3831,77 | -0,35% | 3,34% |
Europe: Stoxx Europe 600 | 506,59 | 0,15% | 5,76% |
USA: S&P500 | 5160,64 | -0,95% | 8,19% |
Japon: Nikkei | 39581,81 | -0,48% | 18,28% |
Chine: Shangai Composite | 3027,33 | -0,70% | 1,76% |
Hongkong: Hang Seng | 17139,17 | 1,85% | 0,54% |
Euro/dollar | 1,08 | -0,96% | -2,65% |
Brent pétrole | 89,51 | -0,46% | 15,21% |
Or | 2332,05 | -0,60% | 12,91% |
Taux belge à 10 ans | 2,98 | ||
Taux allemand à 10 ans | 2,43 | ||
Taux américain à 10 ans | 4,55 |
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