Sommaire
- Le secteur agro-alimentaire est tant responsable que victime du changement climatique
- L’industrialisation a appauvri les sols et fragilisé la viabilité des producteurs
- Le non-respect des règles sanitaires est à l’origine de foyers de contamination
- Les subsides ne favorisent pas l’évolution des pratiques agricoles et l’innovation
- La transition vers des pratiques plus durables et viables concerne tous les acteurs
En mai 2020, la Commission européenne dévoilait les détails du volet agriculture, alimentation et biodiversité de son Pacte vert. Intitulé « de la fourche à la fourchette », il englobe une série de mesures visant à promouvoir une alimentation et une agriculture raisonnées. Notamment grâce à la réduction de la consommation de protéines animales et du gaspillage alimentaire. Ce programme concerne l’ensemble de la filière, du producteur au consommateur, et insiste sur la sensibilisation du public. À la fois responsable et victime du changement climatique, le secteur représente 25% de émissions mondiales de CO2 selon les experts du GIEC. Par ailleurs, la crise du coronavirus a mis en lumière les manquements sanitaires du secteur.
En 2019, l’ONU estimait que deux milliards d’adultes étaient obèses ou en surpoids, 820 millions avaient faim et 30% de la nourriture était gaspillée.
L’agro-alimentaire dans une voie sans issue
En pleine pandémie, les spécialistes de Goldman Sachs n’ont pas hésité à qualifier l’industrie de l’élevage « d’aussi précaire que le pétrole ». Depuis le milieu du 20e siècle, les pratiques industrielles ont épuisé les sols.
Le secteur agro-alimentaire n’assure plus son rôle de nourrir convenablement la planète. En 2019, l’ONU estimait que deux milliards d’adultes étaient obèses ou en surpoids, 820 millions avaient faim et 30 % de la nourriture était gaspillée.
Économiquement, le secteur représente 40% des emplois dans le monde, mais est à la peine. La crise sanitaire a ainsi révélé que sa rentabilité reposait aussi sur le piétinement des règles élémentaires d’hygiène. Plusieurs abattoirs ont été de véritables foyers de contamination.
Réformer les subsides agricoles
La transition est indispensable. Pourtant, seuls deux pays se sont engagés de manière contraignante dans l’assainissement de leurs pratiques alimentaires. Mi-2020, l’OCDE épinglait l’inefficacité des subsides agricoles. En favorisant les grandes exploitations, ils réduisent la compétitivité et font grimper les prix. L’organisation préconise une relance verte centrée sur le respect des écosystèmes et les besoins des consommateurs. Une thématique qui gagne aussi du terrain aux États-Unis à l’image de l’Agenda de l'innovation de l'agriculture initié début 2020.
Au-delà des pratiques agricoles, c’est toute l’industrie agro-alimentaire qui doit évoluer. Elle doit à la fois devenir plus durable pour la planète et plus viable pour ses acteurs.
Combinées à l’innovation et au retour d’anciennes pratiques, les recommandations de l’ANIA permettront aux entreprises engagées de survivre.Caroline Palumbo
Guide de survie de l’agro-alimentaire
Pour ce faire, l’association française des industries alimentaires (ANIA) a émis une centaine de recommandations réparties en cinq axes.
- Agir sur les approvisionnements et matières premières (qui représentent 70% des émissions de CO2) en rationnalisant les chaînes d’approvisionnement.
- L’efficacité énergétique grâce à la récupération et aux énergies vertes.
- Le recyclage des emballages en fin de vie.
- Le transport raisonné des marchandises.
- La lutte contre le gaspillage alimentaire.
Ces recommandations impliquent tous les acteurs, de l’agriculteur au consommateur. Combinées à l’innovation et au retour d’anciennes pratiques (rotation, jachère), elles permettront aux entreprises engagées de survivre à une indispensable transition.