Des chiffres plutôt favorables en Europe

L’histoire récente

Les taux d’inflation doivent toujours être interprétés compte tenu de leur histoire récente. La politique économique actuelle s’efforce toujours, en majeure partie, d’effacer les retombées de l’envolée soudaine de l’inflation il y a quatre ans. Une envolée qui avait propulsé l’inflation à plus de 10% en octobre 2022, et même à plus de 12% en Belgique.

Depuis lors, les banques centrales du monde entier ont déployé des efforts colossaux pour faire baisser cette inflation, et avec succès. En 2024, tant en Belgique que dans la zone euro, l’inflation est retombée sous le niveau souhaité de 2%.

Une évolution attendue

Depuis lors, l’inflation augmente à nouveau progressivement. Le dernier chiffre publié pour la Belgique a vu augmenter les salaires de nombreux Belges d’un peu plus de 3%. Hier, le taux d’inflation publié pour la zone euro s’est établi à 2,4%, trahissant donc une légère remontée par rapport aux 2,2% du mois précédent. Cette évolution s’inscrivait dans le prolongement de celle observée en France, en Allemagne et en Espagne. En d’autres termes, elle était attendue et due, d’ailleurs, comme il y a quatre ans, aux prix de l’énergie.

L’énergie et l’inflation restent liées

Il y a 12 mois, le taux d’inflation était encore influencé par les mesures de soutien prises par différents pays pour aider la population à faire face aux prix exorbitants de l’énergie. Ces aides ont expiré dans le courant de 2024, ce qui a fait repartir l’inflation à la hausse.

De plus, en termes relatifs, les prix du gaz ont augmenté dans des proportions substantielles en 2024, passant de 25 à 50 euros par mégawattheure. Le prix a donc doublé en 11 mois, mais il est encore à des années-lumière du record de 340 euros de l’été 2022. Pour une part, cette hausse des prix était d’ailleurs due aux conditions atmosphériques spécifiques des derniers mois de l’année dernière. Du fait de la sécheresse énergétique (aussi appelée "Dunkelflaute" ou "grisaille anticyclonique"), une absence combinée de vent et d’ensoleillement, les producteurs d’électricité ont dû recourir davantage au gaz pour ne serait-ce que maintenir leurs réseaux sous tension. Evidemment, la non reconduction, pour des raisons compréhensibles, des conventions entre la Russie et l’Ukraine pour le transport de gaz par le biais de leurs pipelines n’a rien arrangé…

Le taux d’inflation est donc à nouveau en hausse, mais pas au point de semer la nervosité sur les marchés. Après un début de session dans le rouge, le marché des actions européennes est finalement parvenu à engranger quelques gains journaliers. Ce léger rebond de l’inflation ne sera pas de nature à faire changer la BCE d’avis. Actuellement, les marchés tablent toujours sur 4 abaissements des taux en 2025, partant du constat que l’économie européenne a besoin de davantage de soutien que l’économie américaine.

Le taux de chômage reste sous contrôle également

Un aspect positif réside dans le fait que le taux de chômage reste, lui aussi, sous contrôle. Le chiffre publié hier pour le mois de novembre était identique à celui d’octobre. Il était également le plus bas de tous les temps, ce qui prouve que tout ce qui se dit au sujet du piteux état de l’économie européenne est sans doute vrai, mais que le commun des mortels reste, pour l’heure, et heureusement, à l’abri de retombées. Encore que le chômage soit un indicateur qui a typiquement un tour de retard sur les événements, et qu’il n’affecte évidemment que ceux dont l’emploi est menacé…