Une impasse mexicaine dans la guerre commerciale?

Chronique d’un plongeon annoncé

En ce début de la nouvelle semaine boursière, les marchés financiers ont réagi comme prévu à l’annonce des taxes douanières américaines à l’égard du Mexique, de la Chine et du Canada: ils ont plongé inexorablement. Les bourses canadienne et mexicaine n’ont d’ailleurs pas été les seules à voir trente-six chandelles. Partout ailleurs dans le monde, les cours ont chuté également. La seule exception était la bourse chinoise, mais elle avait une bonne excuse: elle était fermée à l’occasion du Nouvel An chinois.

Taux d’intérêt volatils

Wall Street aussi a vu déferler une vague de ventes. Par crainte d’une guerre commerciale mondiale et de ses retombées sur l’économie globale, les capitaux ont été irrésistiblement attirés par des valeurs refuges comme les obligations et l’or. Dans le feu de l’action, l’or a même atteint un record historique.

La hausse des cours obligataires a fait baisser les taux à long terme. Il semble que les taux d’intérêt vont être ballottés pendant tout un temps encore entre l’impact inflationniste des taxes douanières, plutôt de nature à faire grimper les taux d’intérêt, et leur impact sur la croissance, qui devrait au contraire faire baisser ces mêmes taux d’intérêt.

Parmi les devises, le dollar était le grand gagnant. Même si là aussi, les cours par rapport aux autres devises ont violemment fluctué en tous sens…

Incertitude, quand tu nous tiens…

Pour l’heure, l’incertitude qui règne sur les marchés est énorme. D’une part parce que l’on n’a pas la moindre idée de l’issue des négociations, et d’autre part parce qu’il ne s’agit encore que du début d’une année qui promet d’être pleine d’imprévus.

Les marchés sont bien incapables de prédire les effets des taxes douanières: provoqueront-elles un rebond de l’inflation, un ralentissement de la croissance économique, ou encore un bouleversement de la politique des taux de la Fed ?

La guerre commerciale la plus stupide de l’histoire

La nervosité des marchés est apparue une fois de plus lorsque l’on a appris dans l’après-midi que les droits de douane qui auraient dû s’appliquer mardi sur les importations mexicaines seront retardés d’un mois. Un report pour le Canada a également suivi en fin de soirée. Partie remise ou pas, personne n’est en mesure de le dire, mais les fluctuations violentes des cours laissent présager un avenir particulièrement volatil. 

Après l’annonce de ce report, les pertes se sont quelque peu résorbées et les écrans de Wall Street se sont même un instant timidement teintés de vert. Mais à l’heure de la clôture, les trois indices américains ont terminé à l’unisson dans le rouge…

Une impasse mexicaine: voilà comment on appelle une confrontation dont aucune des parties ne peut sortir gagnante. L’expression est de circonstance, car à présent que les premières salves ont été tirées, il apparaît de plus en plus clairement que ce conflit commercial ne fera aucun vainqueur. Le titre brandi le week-end dernier par le Wall Street Journal pourrait donc prendre des allures de prophétie : "The Dumbest Trade War in History"…