Sommaire
- Le "quatrième tournant" atteint le Japon
- Une période d’incertitude et potentiellement de déficits (encore) plus importants
- L’impact sur le marché reste jusqu’ici modéré
"The Fourth Turning Is Here", aussi au Japon
Pour l’instant, cette incertitude politique s’exprime surtout par un affaiblissement du yen, mais à un peu plus long terme, l’impact pour la troisième plus grande économie et pour le reste du monde pourrait être bien plus profond…
Le "quatrième tournant", qui avait été annoncé il y a environ trente ans dans l’ouvrage du même nom de Neil Howe et William Strauss paru sous le titre original "The Fourth Turning" et qui a été récemment rappelé à notre bon souvenir dans une réédition intitulée "The Fourth Turning Is Here", désigne une période de grande incertitude politique caractérisée par des tensions et conflits entre les nations et au sein même de celles-ci. Une période où les extrêmes gagnent en puissance et où le centre rencontre des difficultés croissantes à garder le contrôle. Une période où les gouvernements, partis ou présidents en place, de quelque courant politique qu’ils soient, sont souvent mis en minorité.
"The Fourth Turning" n’est pas un livre à lire en vacances au bord de la piscine, ni un livre à glisser sous le sapin. Mais en cette période d’Halloween, cela peut être une bonne idée. Et il est probable qu’en le refermant après la dernière page, vous vous direz en regardant le monde: "en effet, nous y voilà"…
Dimanche, c’était au tour du Japon de ne pas parvenir à éviter ce tournant. Pour la première fois depuis 2009, le PLD y a perdu sa majorité. Il faut 233 sièges pour obtenir la majorité au sein de la puissante chambre basse japonaise, et la coalition gouvernementale formée par le LDP de centre-droite et son partenaire – le Komeito – n’en totalise plus que 215.
Une incertitude susceptible d’engendrer des déficits plus importants
Un simple calcul suffit pour conclure que les autres partis pris ensemble détiennent 250 sièges. Parmi eux, le CDP – le Parti démocrate constitutionnel – est le plus grand parti, avec un total de 148 sièges. Et ce parti a déjà annoncé qu’il tenterait de former une coalition sans le PLD en s’associant avec plusieurs alliés moins évidents comme le Parti communiste et l’extrême droite.
Le pays pourrait donc se retrouver un peu dans la même situation qu’en 1993, lorsque le PLD avait également essuyé une défaite aux élections. Une coalition avait alors été formée entre 7 partis, sans le PLD, mais ce gouvernement – presque logiquement – n’avait survécu qu’un an…
Evidemment, il se pourrait aussi que le PLD trouve un autre parti de taille moyenne disposé à partager le pouvoir avec lui, comme le Parti de la restauration Ishin ou le Parti démocrate du Japon.
Cela dit, des compromis devront être trouvés quoi qu’il arrive. Et dans un tel contexte, l’assainissement du budget fera l’objet d’encore moins d’attention qu’à l’accoutumée. On peut notamment s’attendre à des dépenses additionnelles en faveur de la sécurité sociale et à des réductions de l’impôt sur le revenu et des taxes à la consommation, autant de mesures qui feront encore plus rapidement augmenter la dette publique du Japon. Celle-ci étant pour une grande part financée en interne, ce n’est pas un gros problème. Jusqu’à ce que cela en devienne un, bien évidemment…
Surtout une correction du yen
Initialement, l’impact du résultat de l’élection s’est provisoirement limité au yen. Suivant les lois de la logique des taux de change, la devise s’est affaiblie, mais pas outre mesure. Jusqu’ici, la logique selon laquelle il existe une corrélation négative entre le yen et la bourse japonaise tient bon également. En d’autres termes, le Nikkei progresse. A ce stade, l’actuelle incertitude politique ne justifie pas une vision carrément négative à l’égard des actions japonaises dès lors que la dépréciation du yen pourrait soutenir le marché. Et puis, l’incertitude ne dure jamais aussi longtemps au Japon que dans les autres pays.
La Constitution japonaise exige en effet que le pays se trouve un nouveau premier ministre dans les 30 jours suivant les élections. En revanche, une augmentation des incitants et de la dette publique pourrait limiter encore davantage la liberté de mouvement de la Bank of Japan, qui n’était déjà pas énorme. Autant dire qu’il nous faudra suivre de près les rebondissements de ce nouveau chapitre de la politique internationale, et que nous ne sommes pas d’emblée enclins à procéder à des achats ou à renforcer nos positions au Japon…
Chiffres clés du 28/10/2024
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Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2024 |
Belgique: Bel-20 |
4301,50 |
0,19% |
16,01% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
520,95 |
0,41% |
8,75% |
USA: S&P500 |
5823,52 |
0,27% |
22,09% |
Japon: Nikkei |
38605,53 |
1,82% |
15,36% |
Chine: Shangai Composite |
3322,20 |
0,68% |
11,67% |
Hongkong: Hang Seng |
20599,36 |
0,05% |
20,84% |
Euro/dollar |
1,08 |
-0,12% |
-2,06% |
Brent pétrole |
72,02 |
-5,09% |
-7,30% |
Or |
2743,13 |
0,10% |
32,81% |
Taux belge à 10 ans |
2,87 |
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Taux allemand à 10 ans |
2,29 |
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Taux américain à 10 ans |
4,27 |
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Source: Refinitiv Datastream