Sommaire
- Wall Street a de bons atouts en main, mais est en proie au vertige
- La victoire de Donald Trump pèse toujours sur les bourses européennes…
- … mais les taux d’intérêt, les valorisations et le dollar pourraient faire contrepoids
De bons atouts
Je vous l’accorde, Wall Street a de bons atouts en main. La Bourse de New York est le berceau de toutes les actions et a ses racines dans une culture où l’entrepreneuriat et la réalisation de bénéfices sont des concepts presque sacrés. Des politiques comme Donald Trump usent habilement de cet héritage en brandissant des slogans du style "Make America great again", qui concrètement reviennent à plaider pour encore moins de règles, moins d’impôts et moins de gouvernance. La main invisible de Mister Market est là pour maintenir l’ordre…
Des droits d’entrée plus élevés
En ce moment, ce marché américain est particulièrement attrayant. Le consommateur américain épate le monde entier avec ses dépenses. C’était à nouveau le cas la semaine dernière, lorsque les statistiques des deux derniers mois ont une fois de plus dépassé les prévisions. Dans le monde de Donald Trump, le marché américain appartient avant tout aux entreprises américaines. Les autres doivent payer des taxes douanières. Des droits d’entrée, en quelque sorte. Et ces droits d’entrée risquent à présent de sérieusement augmenter…
Tous les secteurs n’ont pas les faveurs de Trump
De plus, Donald Trump ne semble pas aussi bien disposé envers tous les secteurs. Au poste de secrétaire à l’énergie, il a nommé Chris Wright, CEO de l’entreprise de fracturation hydraulique Liberty Energy et partisan notoire de l’exploitation des énergies fossiles. Les entreprises pharmaceutiques se retrouvent quant à elles face à Robert F. Kennedy Jr. en tant que ministre de la santé publique, connu pour son scepticisme sur les vaccins et s’étant par ailleurs déjà montré très critique à l’égard du secteur dans d’autres domaines. Vu l’énorme importance du marché pharmaceutique américain, sa nomination a fait froid dans le dos aux géants pharmaceutiques, également (et peut-être même surtout) en Europe.
Le facteur vertige
Malgré tout, les bourses européennes ont perdu moins de terrain que les bourses américaines la semaine dernière. Comment expliquer cela ? Pour commencer, les actions européennes sont moins sujettes au vertige. Et c’est logique : depuis le début de l’année, le Stoxx Europe 600 a progressé d’environ 5%, tandis que le S&P 500 américain a grimpé de plus de 23%. Sur la base des bénéfices futurs, le marché-actions européen affiche un rapport cours-bénéfice de 13, contre 22 pour le marché américain. Autrement dit, les valorisations affichent en Europe des niveaux tout à fait normaux en comparaison des vingt dernières années, alors qu’elles sont exorbitantes aux Etats-Unis.
La domination de l’internet et de l’intelligence artificielle
Les partisans de la bourse américaine répliqueront que ces valorisations se justifient parfaitement. Nous vivons dans un monde qui est dominé jusque dans ses moindres fibres par l’internet. Et qui domine cet internet ? Une poignée de géants américains. Nous sommes en plein cœur d’une révolution mue par l’intelligence artificielle. Et qui est le premier violon ? L’Amérique, encore une fois, Nvidia en tête. Jusqu’ici, Nvidia a fait un parcours sans faute. Reste à voir si elle parviendra à nouveau à pulvériser les attentes lorsqu’elle publiera ses résultats trimestriels mercredi après-bourse.
Les taux d’intérêt : un atout pour l’Europe, un obstacle pour les Etats-Unis
Un élément qui joue certainement des tours aux actions américaines est la remontée des taux. Le taux des emprunts d’Etat américains à long terme s’élève actuellement à 4,45%, soit 80 points de base de plus qu’il y a deux mois. La politique annoncée par Donald Trump est indéniablement inflationniste, ce qui empêchera la banque centrale américaine d’abaisser le taux directeur autant qu’elle le projetait. En Europe, c’est tout le contraire. Pas plus tard que la semaine dernière, la Commission européenne a à nouveau revu légèrement à la baisse les perspectives de croissance pour 2025, tablant désormais sur à peine 1,3%. On peut donc s’attendre à ce que la BCE sorte la grosse artillerie pour soutenir l’économie européenne – autrement dit, à ce qu’elle procède à plus d’abaissements des taux que prévu. Du moins si l’inflation continue à évoluer favorablement…
Si les taux d’intérêt sont susceptibles d’affecter les bourses aux Etats-Unis, c’est l’inverse qui pourrait se produire en Europe. La cherté du dollar pourrait également faire croître les bénéfices de toutes les entreprises européennes qui exportent en dollars. Pour les entreprises américaines, c’est exactement l’inverse. Donc acheter uniquement des actions américaines ? Je ne pense pas !
Chiffres clés du 11/11/2024 au 15/11/2024
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Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2024 |
Belgique: Bel-20 |
4160,15 |
-2,47% |
12,20% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
503,12 |
-0,69% |
5,03% |
USA: S&P500 |
5870,62 |
-2,08% |
23,08% |
Japon: Nikkei |
38642,91 |
-2,17% |
15,48% |
Chine: Shangai Composite |
3330,73 |
-3,52% |
11,96% |
Hongkong: Hang Seng |
19426,34 |
-6,28% |
13,95% |
Euro/dollar |
1,05 |
-1,99% |
-4,63% |
Brent pétrole |
72,19 |
-1,98% |
-7,08% |
Or |
2572,85 |
-4,22% |
24,57% |
Taux belge à 10 ans |
2,93 |
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Taux allemand à 10 ans |
2,35 |
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Taux américain à 10 ans |
4,44 |
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Source: Refinitiv Datastream