Surperformance structurelle des actions durables

La crise du coronavirus a mis fin à l’une de plus longues phases haussières de l’histoire des Bourses. Alors que les marchés d’actions ont récupéré une partie de leurs pertes, l’heure est au bilan. Les études démontrent que les entreprises bien notées sur les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ont mieux résisté. Au 30 avril, l’indice mondial des actions durables, le MSCI ACWI ESG Leaders, affichait une surperformance de 1,17% par rapport à son homologue classique, le MSCI ACWI. Encore plus remarquable, les fonds indiciels d’actions durables ont récolté 15 milliards de dollars de capitaux frais en mars 2020. En pleine tempête boursière, les investisseurs plébiscitent les entreprises plus durables.

Risques ESG et économiques

Aux yeux des investisseurs, les critères ESG occupent visiblement une place de plus en plus centrale. Structurellement, les entreprises qui prennent en compte ces critères maîtrisent mieux les risques qui y sont liés. Le dérèglement climatique, les tensions sociales, une mauvaise réputation sont autant d’éléments qui peuvent nuire à la rentabilité.

Évidemment, l’attrait des investisseurs pour les actions durables fait aussi écho aux effets de la crise. Basée sur la mondialisation et la recherche de compétitivité immédiate, l’économie mondiale s’est retrouvée démunie. Déstabilisée par une série de chocs et paralysée par les ruptures des chaînes de valeur.

Entreprises plus flexibles et résilientes

La fermeture des frontières chinoises a démontré à quel point l’industrie mondiale est dépendante de l’Asie. Sans plan B, les entreprises étaient à l’arrêt. Or, une des qualités des entreprises durables est la maîtrise de leur chaîne de valeur. Elles anticipent les risques et ont une approche plus flexible.

La crise a aussi déclenché une revalorisation des modèles plus solidaires et plus résilients. Dans un rapport, Standard & Poor’s épingle le changement de comportement des consommateurs. Elle souligne aussi la meilleure résistance des entreprises attentives à la sécurité et à la rétention de leurs employés. Elles sont moins exposées aux controverses et conservent les compétences nécessaires pour participer au redressement de l’économie.

Test concluant

Pour certains, la récente surperformance des actions durables reste trop faible pour parler d’une tendance. Pour un marché aussi jeune que celui des investissements socialement responsables (ISR), cette crise constituait un véritable test, largement concluant. L’impact positif de l’ESG dans l’analyse des performances semble résister à tout clivage sectoriel, confortant la thèse d’une tendance structurelle.

Structurellement, le marché de l’ISR évolue aussi. Il s’est doté d’une gouvernance plus solide qui accentue encore sa crédibilité. La taxonomie européenne sur les activités économiques durables devrait voir le jour en 2022. La Belgique s’est dotée d’un label pour les placements durables, le Towards Sustainability de Febelfin.