Sommaire
- Le coût de l’industrie du tabac pour la société est 5 fois plus élevé que ses revenus
- Coûts liés aux décès, maladies et pertes de productivité = 3% du PIB mondial annuel
- L’industrie du tabac a recours au travail des enfants et dégrade l’environnement
- BNP Asset Management a exclu de ses portefeuilles les actions des entrepris du tabac
- En conséquence, le rendement du secteur a fortement baissé
- L’industrie du tabac tente de redorer son image
L’industrie du tabac a un atout non négligeable pour les investisseurs : un rendement élevé. Chaque année depuis 1989, l’indice sectoriel S&P500 Tobacco a fait mieux que le S&P500, baromètre élargi des Bourses américaines. L’industrie du tabac a dégagé un rendement annuel moyen de 15,64% sur la période, sensiblement mieux que les 9,86% du S&P 500. Sur le plan de la durabilité, le secteur affiche par contre un score désespérément bas.
Des coûts supérieurs aux revenus
Selon une étude de Deutsche Asset management, les coûts de l’industrie du tabac pour la société sont 5 fois plus importants que ses revenus. Les coûts découlant des décès prématurés, des maladies et de la perte de productivité représentent 3% du Produit intérieur brut (PIB) mondial annuel. En 2009, les seuls coûts liés aux décès prématurés dans l’Union européenne s’élevaient à 517 milliards d’euros. Cela correspond à 4,4% du PIB total des 27 membres de l’UE (source : Jarvis, Vincze, Falconer, Garde, Geber, & Daynard, 2012).
Sombres perspectives
Les perspectives d’avenir pour l’industrie du tabac n’en demeurent pas moins assez sombres. ‘Les dépenses en soins de santé auraient pu être investies dans l’enseignement et les infrastructures. De plus en plus d’investisseurs financiers s’inquiètent du caractère non durable du secteur et l’évitent donc. Si les autorités prennent des mesures supplémentaires, et que la réglementation actuelle est pleinement appliquée, le nombre de fumeurs diminuera drastiquement. L’avenir est au durable.’, conclut Guy Jannssens.
Les perspectives d’avenir pour l’industrie du tabac sont plutôt sombres.
BNP Asset Management exclut le tabac
Pour toutes ces raisons, des investisseurs institutionnels ont décidé d’exclure le secteur du tabac de leur portefeuille (Chief investment officer, 2018). Parmi ceux qui ont sauté le pas, citons BNP Asset Management, Robeco ou la Banque centrale de Norvège (qui gère un des plus gros fonds de pension du monde). Une décision courageuse qui peut peser à court terme sur le rendement de leurs portefeuilles. Une récente étude met toutefois en évidence que l’exclusion de l’industrie du tabac n’influence pas négativement la performance d’un fonds à long terme (source : Hoepner & Schopohl, 2016).
Rendement négatif pour le tabac
Étant donné que de plus en plus d’investisseurs tournent le dos à l’industrie du tabac, le rendement du secteur diminue. Il était même négatif entre mars 2017 et mars 2018 avec une baisse de 5,54%. Les alternatives durables ont clairement livré une meilleure performance sur cette même période. Les indices MSCI World Energy Sector, MSCI ACWI Water Utilities Index et MSCI Global Clean Technology ont progressé durant cette période de respectivement 6,95%, 1,99% et 23,92%.
Les États-Unis prennent des mesures
Les autorités ne restent pas non plus les bras croisés. Aux États-Unis, 15% des adultes sont fumeurs. Une nouvelle mesure doit ramener ce chiffre à 1,4%. The Food and Drug Administration (FDA), l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux, a récemment proposé de réduire la teneur en nicotine des cigarettes. L’objectif est de faire baisser drastiquement le nombre de fumeurs aux États-Unis. La réduction de la teneur en nicotine rendrait la cigarette moins addictive, tant pour ceux qui veulent arrêter que pour ceux qui commencent à fumer (source : McGinley, 2018).
Aux États-Unis, 15% des adultes sont fumeurs. Une nouvelle mesure doit ramener ce chiffre à 1,4%.
Les cigarettiers contre-attaquent
Le secteur du tabac prend lui-même des mesures. Le géant Philip Morris vise ainsi à remplacer totalement la cigarette par des produits plus modernes comme l’e-cigarette. L’entreprise veut également réduire son empreinte écologique et mettre un terme au travail des enfants. Concrètement, il a pour objectif de diminuer de 70% ses émissions de CO2 à l’horizon 2020. Il ambitionne aussi de mettre fin au déboisement pour la production de tabac. Grâce à tous ces efforts, les cigarettiers veulent améliorer leur piètre image auprès de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Sombres perspectives
Les perspectives d’avenir pour l’industrie du tabac n’en demeurent pas moins assez sombres. ‘Les dépenses en soins de santé auraient pu être investies dans l’enseignement et les infrastructures. De plus en plus d’investisseurs financiers s’inquiètent du caractère non durable du secteur et l’évitent donc. Si les autorités prennent des mesures supplémentaires, et que la réglementation actuelle est pleinement appliquée, le nombre de fumeurs diminuera drastiquement. L’avenir est au durable.’, conclut Guy Jannssens.