En attendant le rapport américain sur l’emploi
Pendant toute l’année 2024 – et somme toute déjà pendant une grande partie de 2023 –, l’une des grandes questions était de savoir si l’économie américaine connaîtrait un atterrissage en douceur ou un atterrissage brutal. Dans l’intervalle, le consensus table sur une absence totale d’atterrissage. Autrement dit, sur un scénario dans lequel l’économie américaine ne sombrera pas dans une récession, ne connaîtra même pas un atterrissage brutal et poursuivra tout simplement sa croissance. Cela dit, l’économie américaine est l’une des plus difficiles à interpréter, et les mesures que Donald Trump pourrait prendre après son investiture le 20 janvier ne simplifient pas les choses.
Un aspect crucial de l’incertitude économique est le marché de l’emploi américain. L’année dernière, le taux de chômage y a augmenté plusieurs mois d’affilée – venant d’un niveau très bas, certes, mais il s’agit tout de même souvent d’un signe avant-coureur d’une récession. Cependant, le chômage s’est entretemps stabilisé et le nombre d’emplois vacants (le rapport JOLTS, comme on l’appelle) s’est remis à augmenter. Le rapport sur l’emploi qui sera publié aujourd’hui sera donc déterminant, mais la hausse des salaires, le dynamisme persistant du marché de l’emploi américain et la vigueur du marché des actions profitent au pouvoir d’achat des consommateurs, ce qui ne fait pas d’emblée penser à une récession…
Incertitudes croissantes et tectonique des plaques
Cela dit, il est un fait que la vigueur de la croissance américaine déteint sur l’économie mondiale. L’économie européenne, elle, est toujours au bord de la récession tandis que l’économie chinoise, qui est confrontée à une récession de bilan (une prudence extrême des consommateurs et des investisseurs dans le sillage de l’implosion du marché immobilier), reste en proie à une très grande faiblesse. De plus en plus, il s’agira là de la nouvelle normalité. L’économie mondiale sera de moins en moins un ensemble harmonisé dont les grands blocs fluctuent de concert au gré du cycle économique. Et donc, certaines parties – comme les Etats-Unis en ce moment – connaîtront une croissance beaucoup plus vigoureuse que les autres. Cela fait un peu penser à des plaques tectoniques qui frottent les unes contre les autres, engendrant une grande volatilité sur les marchés et surtout au pays des devises, par exemple pour le cours EUR/USD.
Deux grandes inconnues : l’évolution des taux d’intérêt et la politique fiscale
La difficulté d’interpréter l’économie américaine et l’économie mondiale fait aussi que la politique des banques centrales est actuellement difficile à prévoir. La Fed, en particulier, fait preuve d’une grande circonspection et veut sans doute attendre que le brouillard qui enveloppe les statistiques économiques se dissipe. Et comme on ignore aussi ce que nous réserve la politique fiscale, l’évolution des taux d’intérêt est très incertaine. A cet égard, trois grandes questions se posent :
- A quoi ressemblera vraiment la politique de Donald Trump ? Ira-t-il vraiment aussi loin qu’il l’a promis ?
- Comment se dérouleront les élections allemandes et quel impact auront-elles sur la politique monétaire ?
- Et enfin, peut-être la question la plus cruciale pour l’économie mondiale : la Chine va-t-elle enfin – éventuellement après que la clarté aura été faite sur les taxes douanières de Donald Trump – sortir la grosse artillerie fiscale pour relancer son économie ?
Si nous additionnons tous ces éléments, la volatilité qui nous attend en 2025 ne fait aucun doute.
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Source : Refinitiv Datastream