La scission interviendra automatiquement sans requérir aucune action de la part des investisseurs. Les actionnaires de Siemens recevront une action Siemens Energy pour deux actions Siemens. A partir du 28 septembre, les investisseurs pourront décider s’ils les vendent en bourse ou s’ils procèdent au contraire à des achats additionnels. La valeur relative de Siemens Energy par rapport au reste du groupe Siemens sera déterminée par le marché à travers le mécanisme de l’offre et de la demande. Il ne s’agit que de l’une des 5 grandes divisions du groupe d’ingénierie, et la société mère a l’intention d’encore alléger sa participation dans les 12 à 18 prochains mois.
Siemens Energy est le leader mondial du marché de la génération (principalement au moyen de turbines à gaz) et de la transmission d’électricité, et inclut également des applications énergétiques industrielles ainsi que la participation de 67% dans Siemens Gamesa Renewable Energy (elle aussi déjà cotée en bourse séparément). Siemens Energy est la division la moins rentable de Siemens, affichant une marge EBITA de seulement 0-2% en raison de la surcapacité due à la transition vers d’autres formes de génération d’électricité et, partant, de la concurrence acharnée (en termes de prix). La direction aspire à porter cette marge à 6,5-8,5% d’ici trois ans en réalisant des économies importantes sur les coûts et en réduisant la surcapacité.
Le groupe Siemens va désormais déconsolider cette division Energy et se recentrer sur les divisions plus rentables et renfermant en outre davantage de potentiel de croissance: Rail (trains et signalisation), Industrial Automation, Building Automation et Medical Imaging (participation majoritaire dans Siemens Healthineers, également déjà cotée en bourse). Grâce à sa domination technologique, Siemens profite de la tendance résolue à la digitalisation et de la migration vers l’internet des objets dans l’industrie.
Si l’on exclut la division Energy, le groupe a engrangé des résultats plutôt méritoires au deuxième trimestre. Le chiffre d’affaires a moins souffert des mesures de confinement qu’on ne l’avait craint du fait que les usines et les projets ont pour la plupart pu continuer à tourner, et aussi grâce à une vigoureuse reprise en Chine et à une demande importante en faveur des solutions logicielles de la division Digital Factory. Les économies réalisées sur les coûts ont même permis au bénéfice d’exploitation de gonfler de 8%. Le carnet de commandes a dépassé les attentes également. En partie grâce à cette mise à jour trimestrielle plus encourageante que prévu et à la scission projetée de la division Energy (les entreprises plus concentrées obtiennent sur le marché une valorisation supérieure), le cours s’est dans une large mesure rétabli depuis son plancher du mois de mars en doublant en l’espace de moins de 6 mois. Vu le potentiel restant plus limité jusqu’à notre objectif de cours à 12 mois de 125 EUR, nous n’allons pour l’instant pas au-delà d’une recommandation Conserver.
Sources : BNP Paribas Wealth Management, Thomson Reuters IBES, Morningstar, Exane