Dans l’ombre de l’IA, comment l’informatique quantique prend-elle son élan?

À la découverte de l’informatique quantique

L’informatique quantique, ou quantum computing, s’appuie sur des “qubits”. C’est l’unité élémentaire d’information dans un ordinateur quantique. Ces unités sont capables d’exister dans plusieurs états à la fois. Contrairement aux ordinateurs actuels, qui testent les possibilités une par une, un processeur quantique peut explorer de nombreux scénarios simultanément. En d’autres termes, le quantum joue aux échecs avec les données, combinant stratégie et audace pour résoudre des problèmes complexes.

De plus, l’intrication relie certains qubits : lorsqu’un qubit change d’état, son partenaire réagit instantanément. Par conséquent, ces propriétés offrent une puissance de calcul inatteignable avec les systèmes classiques. Au vu du potentiel, cette technologie attire à ce jour plus de 40 milliards de dollars d’investissements à travers le monde. Les gouvernements et les entreprises intensifient leurs recherches pour ne pas manquer cette innovation technologique.

Un champ d’application presque infini

Toutes les entreprises utilisent aujourd’hui des applications. Dans des secteurs clés, certaines intensifient leurs recherches dans le domaine de l'informatique quantique, qui pourrait leur offrir des opportunités de développement considérables.

Pour commencer, dans la finance, elle pourrait révolutionner la détection de fraude et renforcer la protection des données sensibles. L’optimisation des portefeuilles et la gestion du risque sont déjà en cours de modélisation.

Ensuite, dans le domaine de la santé, les simulations quantiques pourraient accélérer le développement de nouveaux médicaments de 30 à 50%.

Enfin, le secteur de l’énergie pourrait aussi profiter de ces avancées grâce à l’optimisation des matériaux pour batteries et panneaux solaires, un levier clé pour la transition énergétique. Selon McKinsey, le marché quantique, actuellement évalué à 1,2 milliard de dollars, pourrait atteindre 100 milliards d'ici 2035, avec un taux de croissance annuel supérieur à 30%.

Des défis à relever

Toutefois comme avec l’IA, de nombreux défis subsistent : en termes de développement (stabilité du système et erreur de calcul), de sécurité (stockage des données et confidentialité) ou encore de régulation (réglementation, éthique et responsabilité). Les coûts de développement et environnementaux seront considérables. Les premières applications concrètes à grande échelle pourraient n’apparaître que dans 5 à 20 ans. Les investissements nécessaires pour faire progresser cette technologie devront être colossaux et s’inscrire dans la durée.

Une révolution encore en construction

La plupart des usages restent expérimentaux. Pourtant, la technologie progresse : IBM, Google, et Amazon proposent déjà des services cloud quantiques, tandis que des prototypes sont testés pour la sécurité financière, la chimie et la logistique.

Le boom de l’IA renforce encore l’intérêt pour l’informatique quantique. Une synergie entre les deux tend à se renforcer : l’IA aide à optimiser les algorithmes quantiques tandis que le quantum computing offre un terrain de calcul inédit pour traiter des modèles toujours plus complexes. Concrètement, le quantum computing peut accélérer l’entraînement de modèles d’IA conçus pour effectuer des tâches spécifiques (classification de texte, reconnaissance d’image), y compris des modèles génératifs conçus pour générer de nouvelles données (création de musique, génération d’images synthétiques). Cette alliance pourrait encore accélérer l’arrivée d’applications concrètes et amplifier l’impact des deux technologies.

Les acteurs qui détiennent les cartes dans la course quantique

La course est engagée. D’une part, les géants technologiques tels que IBM, Alphabet, Amazon, Intel ou encore Microsoft, occupent une place dominante grâce à leur puissance financière, leurs brevets (plus de 600 brevets déposés à fin 2024) et leurs services cloud. Leur avance leur permet de tester, déployer et conserver leur position de leaders.

D’autre part, les startups spécialisées, telles que IonQ, Rigetti, D-Wave, innovent sur les architectures et les qubits alternatifs. Leurs avancées peuvent transformer le secteur, mais leurs valorisations restent sensibles aux succès ou retards techniques.

Enfin, de nombreux acteurs indirects bénéficient du développement quantique, notamment les fabricants de semi-conducteurs, ou encore les sociétés spécialisées en cybersécurité. Ces derniers profitent actuellement de l’essor de l’IA et pourraient voir leur rôle s’accroître avec l’adoption croissante des technologies quantiques.

Quantum computing : un pari à observer de près

Cette technologie n’est pas encore une révolution économique achevée, mais elle en porte les germes. À l’image d’un joueur d’échec qui visualise les différents coups pour atteindre son objectif avec précision, le quantum prépare l’avenir en anticipant les risques et en saisissant les opportunités. A l’instar de l’IA il y a 10 ans, il navigue entre ambition scientifique et premières applications concrètes.

Selon une étude réalisée par BCG (Boston Consulting Group), on anticiperait un impact économique global potentiel jusqu’à 850 milliards d’ici 2040. Il sera crucial de suivre la dynamique dans l’évolution de cette innovation : accélération de la recherche, convergence avec l’IA, stratégies étatiques et émergence progressive d’un écosystème industriel. Pour l’investisseur qui s’interroge sur l’engouement actuel autour de l’IA, le quantum computing constitue un élément supplémentaire à prendre en considération, et non des moindres…