Pour rappel, la banque centrale américaine a entre la mi-2024 et janvier 2025 ramené en quatre étapes son taux directeur de 5,5 à 4,5%, estimant que l’inflation évoluait dans la bonne direction. Depuis janvier, cependant, la Fed a interrompu son cycle des taux, désireuse d’évaluer d’abord l’impact potentiel de la politique de Donald Trump, et en particulier de la forte augmentation des taxes douanières, sur l’évolution de l’inflation. Cette attitude expectative, alors que les taux directeurs sont encore relativement élevés, exaspère au plus haut point Donald Trump dès lors qu’elle freine l’économie et fait augmenter les charges d’intérêts sur l’encours de la dette publique. Le président américain n’a d’ailleurs pas hésité, par moments, à menacer de limoger Jerome Powell, le président de la Fed.
Cependant, le marché estime désormais à plus de 90% la probabilité que la banque centrale américaine décide tout de même d’abaisser les taux en septembre. Il faut y voir le résultat du rapport sur l’emploi décevant publié pour le mois de juillet et de la révision à la baisse de la création d’emplois des mois précédents, deux éléments qui prouvent que le marché de l’emploi américain est bel et bien en proie à un refroidissement. Quant aux chiffres de l’inflation publiés pour le mois de juillet, ils étaient plus ou moins en ligne avec les attentes. L’inflation totale est restée stable à 2,7%, tandis que l’inflation sous-jacente est passée de 3 à 3,1%. Comme on le craignait, les taxes douanières plus élevées commencent tout doucement à impacter les prix à la consommation. Cependant, cet effet est dans une large mesure compensé par la baisse des prix notamment de l’énergie et des voitures.
Bien que la Fed accorde d’ordinaire plus d’importance à l’inflation sous-jacente qu’à l’inflation totale, le consensus du marché ne s’attend pas à ce que ce rapport empêche la Fed d’abaisser les taux le mois prochain. Cela dit, il reste d’ici la réunion du 16 septembre deux publications cruciales qui pourraient influencer la décision de la Fed, à savoir celle du rapport sur l’emploi (le 05/09) et celle des statistiques de l’inflation (le 11/09) pour le mois d’août. Il est donc probable que Jerome Powell s’abstiendra encore de faire des promesses lors du symposium des banquiers centraux qui se tiendra ce vendredi à Jackson Hole.
Le monde fondait de grands espoirs sur la rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine en Alaska, mais il n’est jusqu’ici pas encore question du cessez-le feu tant attendu. Le président russe veut maintenir la pression sur l’Ukraine de façon à forcer encore quelques concessions territoriales. Avant de faire taire les armes, Moscou exige que le gouvernement ukrainien reconnaisse les zones conquises par la Russie – qui représentent 20% de la superficie de l’Ukraine – en tant que territoires russes. Outre la Crimée, la Russie a conquis la province de Louhansk dans sa totalité et les provinces suivantes pour +/-70% : Donetsk, Zaporijjia et Kherson. Il s’agit de zones qui sont peuplées par une majorité de Russes ethniques. Vu la présence de grands axes de communication et d’intérêts industriels stratégiques, Vladimir Poutine aimerait encore prendre entièrement le contrôle de la province de Donetsk (y compris la ville cruciale de Kramatorsk) et serait prêt pour ce faire à échanger quelques territoires de moindre envergure situés dans la zone frontalière du nord de l’Ukraine.
Jusqu’il y a peu, le président ukrainien Volodymyr Zelensky était entièrement réfractaire à l’idée de céder des territoires ukrainiens. Ces derniers temps, il se montre toutefois plus ouvert à la négociation, sans doute sous la pression de Donald Trump (qui trouve qu’il devrait accepter une telle transaction) et parce qu’il réalise que si la guerre se poursuit, la Russie finira probablement par s’emparer de la totalité de la province de Donetsk et ne s’arrêtera peut-être pas en si bon chemin. Cependant, comme la Constitution ukrainienne n’autorise pas les concessions territoriales, un tel accord nécessiterait un référendum. L’ampleur de cette concession fait aussi frémir les autres pays d’Europe, dès lors qu’elle récompense l’agresseur et qu’elle créerait un important précédent qui renforcerait la puissance de la Russie. Nul doute que les dirigeants européens qui rendront aujourd’hui visite à Donald Trump lui en toucheront un mot. Il sera probablement aussi question de la manière dont les Etats-Unis et l’Europe peuvent offrir à l’Ukraine des garanties de sécurité sans adhésion officielle à l’OTAN. Le chemin à parcourir est donc encore long, mais il se pourrait que l’on vienne de franchir un premier pas vers des négociations directes et un processus de paix progressif.
Sachant que la récente remontée des bourses s’inspirait pour une part de l’espoir d’un cessez-le-feu rapide, une correction n’est pas à exclure à court terme. Si le processus de paix se poursuit et finit par déboucher sur un accord de paix, les bourses européennes pourraient bénéficier d’un soutien additionnel à travers une réduction de la prime de risque, une baisse des prix de l’énergie et un effet positif de la reconstruction de l’Ukraine sur la croissance.
Chiffres clés du 11/8/2025 au 15/8/2025 |
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Index | Clôture | +/- | Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 | 4774,31 | 0,85% | 11,95% |
Europe: Stoxx Europe 600 | 553,57 | 1,19% | 9,05% |
USA: S&P 500 | 6449,80 | 0,94% | 9,66% |
Japon: Nikkei | 43378,31 | 3,73% | 8,73% |
Chine: Shangai Composite | 3696,77 | 1,70% | 10,29% |
Hongkong: Hang Seng | 25270,07 | 1,65% | 25,97% |
Euro/dollar | 1,17 | 0,48% | 13,10% |
Brent pétrole | 65,81 | -1,23% | -11,95% |
Or | 3342,57 | -1,45% | 27,32% |
Taux belge à 10 ans | 3,30 | ||
Taux allemand à 10 ans | 2,78 | ||
Taux américain à 10 ans | 4,32 |
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