Sommaire
- Des statistiques économiques en berne outre-Atlantique
- L’espoir d’abaissements des taux augmente
- Á ce stade, c’est une bonne nouvelle pour les actions et une mauvaise pour le dollar
- La Suisse comme nouveau port dans la tempête ?
Des statistiques économiques américaines en perte de vitesse
Ces derniers jours et ces dernières heures, nous avons vu déferler en provenance des États-Unis une vague de statistiques laissant présager un ralentissement de l’économie. Les prix des producteurs, notamment, ont contre toute attente diminué. On peut y voir un signal très positif dès lors que cela pourrait indiquer que la pression inflationniste n’est peut-être pas aussi extrême qu’on ne l’avait craint. Cependant, d’autres chiffres se sont également révélés nettement inférieurs aux attentes, comme les ventes au détail, la production manufacturière et la confiance des entrepreneurs dans le secteur de la construction. Cela dit, il vaudrait mieux éviter d’en tirer des conclusions hâtives. Le cycle s’est en effet montré difficile à interpréter jusqu’ici, et la versatilité des taxes douanières n’arrange rien…
L’espoir d’abaissements des taux augmente
Pourtant, ces chiffres augmentent la probabilité que la Federal Reserve se décide bientôt à abaisser les taux. La probabilité d’un abaissement en juin croît de jour en jour, en particulier si les jours et les semaines qui viennent nous réservent encore d’autres statistiques comme celles-là. Hier, la crainte d’une récession a fait baisser également l’extrémité longue de la courbe, révélant un recul de 10 points de base du taux d’intérêt sur les emprunts d’État américains à 10 ans.
Une bonne nouvelle pour les actions, une mauvaise pour le dollar
Logiquement, un ralentissement de l’économie devrait être de nature à affecter les bénéfices des entreprises, ce qui n’est évidemment jamais une bonne nouvelle pour les marchés des actions. Mais il ne faut pas oublier que dans notre monde, les taux d’intérêt jouent le rôle de la gravité. Lorsque les taux d’intérêt diminuent – c’est-à-dire lorsque la gravité s’atténue –, la plupart des actifs en profitent, et surtout les actions. Certes, il ne s’agit pas d’un phénomène récursif, mais l’histoire boursière prouve tout de même que lorsqu’un ralentissement de l’économie et un (léger) repli des bénéfices des entreprises coïncident avec une baisse des taux d’intérêt, l’effet positif de cette dernière prend généralement le dessus et fait grimper les marchés des actions. C’est en tout cas ce qui s’est passé hier…
Cependant, nous évoluons toujours au cœur de ce que nous pourrions appeler un "marché Caligula". Cet empereur romain était particulièrement impulsif, pour ne pas dire impitoyable, et il symbolise donc parfaitement l’irrationnel et l’imprévisible. Dans notre monde, nous pouvons faire un parallèle avec des marchés qui se laissent gouverner par l’émotion. Le Nasdaq vient d’enchaîner en à peine un peu plus d’un mois un marché baissier (une correction de 20% ou plus) et un cycle haussier (une progression de 20% ou plus). Littéralement du jamais vu ! Il est impossible que les fondamentaux évoluent en si peu de temps au point de justifier des fluctuations des cours de cette ampleur. Celles-ci sont donc au moins en partie (et sans doute même en grande partie) dues à la versatilité du sentiment. Il y a de grandes chances que ce scénario se reproduise dans les mois à venir, dans un sens comme dans l’autre. Plus que jamais, il s’agira de garder la tête froide, de ne pas suivre les sautes d’humeur du marché, de ne pas vendre dans un mouvement de panique en cas de repli, et de ne pas non plus se lancer à la poursuite des cours lorsqu’ils remontent trop rapidement.
Il en va de même pour les taux d’intérêt et les devises, qui fluctuent eux aussi violemment en tous sens. D’autant que leur corrélation avec les marchés des actions n’est pas toujours stable… Ces derniers mois, un repli des marchés des actions s’accompagnait invariablement d’un affaiblissement du dollar, parce que les investisseurs du monde entier se mettaient à vendre des actifs américains. Hier, cependant, nous avons vu simultanément les marchés des actions grimper et le dollar chuter parce que le marché table à nouveau sur des abaissements des taux. L’évolution du dollar américain reste donc particulièrement difficile à prévoir, même s’il est probable que le dollar va à terme encore baisser (ou l’euro grimper, tout dépend du point de vue) parce que l’économie américaine ralentit (peut-être davantage que l’économie européenne) et que la Fed finira par abaisser les taux…
La Suisse comme nouveau port dans la tempête ?
De plus, il se peut que le billet vert n’ait pas tout à fait perdu son statut de valeur refuge, mais qu’il en ait seulement pris un coup à cause de la politique "America First" de Donald Trump. Dans leur accès d’aversion au risque au lendemain du "Liberation Day" (qui s’est soldé par un repli des actifs plus risqués comme les actions), les investisseurs ne se sont pas comme à l’accoutumée tournés vers le dollar et les emprunts d’État américains. Au lieu de cela, ils ont opté pour les emprunts d’État suisses, le franc suisse et l’or… Jusqu’à ce que Mister Market nous indique que la logique a à nouveau changé, nous partons du principe que l’aversion au risque s’assortira d’une dépréciation du dollar.
Mais c’est là que l’affaire se corse, car un sentiment positif du marché dicté par l’espoir que la Fed se mette à abaisser les taux est également de nature à faire pression sur le dollar. Autrement dit, il ne reste plus trop de catalyseurs positifs pour le billet vert. Cela dit, nous évoluons toujours dans un "marché Caligula" où l’instabilité et la volatilité sont la règle. Mais comme nous l’avons vu ces dernières semaines, les fluctuations marquées peuvent offrir d’énormes opportunités…
Chiffres clés du 15/5/2025
|
Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 |
4402,28 |
0,33% |
3,23% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
546,95 |
0,57% |
7,75% |
USA: S&P 500 |
5916,93 |
0,41% |
0,60% |
Japon: Nikkei |
37755,51 |
-0,98% |
-5,36% |
Chine: Shangai Composite |
3380,82 |
-0,68% |
0,87% |
Hongkong: Hang Seng |
23453,16 |
-0,79% |
16,92% |
Euro/dollar |
1,12 |
-0,24% |
8,03% |
Brent pétrole |
64,61 |
-2,27% |
-13,55% |
Or |
3209,50 |
0,92% |
22,25% |
Taux belge à 10 ans |
3,16 |
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Taux allemand à 10 ans |
2,63 |
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Taux américain à 10 ans |
4,45 |
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