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La désescalade est la solution au problème "créé par l'homme"
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7 AVR

La désescalade est la solution au problème "créé par l'homme"

7-4-2025
Philippe Gijsels – Chief Strategy Officer
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Rédigé le 7-4-2025 12:09
Publié le 7-4-2025 12:09
La turbulence sur les marchés financiers, causée par les tarifs d'importation américains et les mesures de rétorsion de la Chine, a créé une situation complexe. La désescalade offre une chance de stabilisation.
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Sommaire

  • Impact des tarifs : Les annonces de tarifs de Donald Trump et les contre-mesures de la Chine ont provoqué une forte volatilité sur les marchés mondiaux.
  • Réaction des marchés : Les marchés asiatiques ont chuté en réponse aux mouvements européens et américains, amplifiés par les ventes spéculatives des hedge funds.
  • Opportunités à long terme : Malgré la volatilité actuelle, des opportunités d'entrée à long terme se présentent, avec des valorisations attractives pour les investisseurs rationnels.
Après l'annonce de Donald Trump lors du « Libération Day » de tarifs supérieurs à ceux prévus, les marchés ont vécu deux séances difficiles, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe. Les marchés asiatiques ont également chuté fortement ce matin. Une réaction tardive, certes, mais aussi une conséquence des contre-mesures sévères annoncées par la Chine à la fin de la semaine dernière. Bien qu'il y ait des points de comparaison importants avec la situation du COVID, il y a également des différences importantes. Il s'agit d'un problème créé par l'homme pour lequel il existe également une solution "à créer par l'homme". Cette solution s'appelle la désescalade. Et elle pourrait être plus proche que ce qu'il semble à première vue.

Les marchés asiatiques en rouge

Au début de la nouvelle semaine de négociation, les marchés asiatiques ont fortement chuté. C'est en partie un mouvement de rattrapage négatif car ils n'ont pu réagir que cette nuit aux mouvements européens et américains de la semaine passée. Naturellement, cela avait également un lien avec les contre-mesures sévères annoncées par la Chine à la fin de la semaine dernière contre les tarifs de Donald Trump.

Il est clair qu'une partie de la forte et rapide chute est due aux ventes de positions liées aux hedge funds. Cela signifie que, ces dernières sessions, il y a eu une sortie très rapide et amplificatrice des positions les plus spéculatives du marché. Cela créera une meilleure base pour un redressement du marché à l'avenir.

Les indicateurs de sentiment tels que le VIX et le sentiment du marché indiquent des niveaux d'un pessimisme extrême (dans la même ampleur que le point bas de la crise financière et du COVID). Dans le passé, ce pessimisme a souvent fonctionné comme un indicateur contraire. (Lorsque le sentiment devient aussi négatif, un retournement n'est souvent pas loin.)

Face à la chute des marchés, les obligations d'État continuent de servir de havre sûr. Cela signifie qu'à l'intérieur d'un portefeuille, la hausse des obligations constitue en partie un contrepoids à la chute des marchés actions.

Une récession n'est pas la fin du monde

En plus de l'annonce par Donald Trump de tarifs supérieurs à ceux qui étaient craints, c'est également la peur d'une récession, en particulier aux États-Unis, qui impacte les marchés.

Et nous ne pouvons pas ignorer que, ces derniers jours, le risque de récession a fortement augmenté pour la plus grande économie du monde. Nous voyons un important recul de la confiance des consommateurs et des producteurs, ce qui n'est pas surprenant compte tenu de la grande incertitude que les tarifs entraînent.

Cependant, n’oublions pas que nous ne voyons actuellement qu'une partie des mesures politiques. Malheureusement, pour les marchés, c’est la partie la plus négative de l'administration Trump, celle des tarifs. Dans les prochains jours et semaines, nous prévoyons d'autres annonces plus favorables aux marchés, en matière de réductions d'impôts et de déréglementation.

En résumé, le risque de récession aux États-Unis a augmenté mais il n'est pas certain. Outre les tarifs, il y a de nombreux autres éléments qui jouent un rôle. Peut-être que l'élément le plus important est encore la durée de l'incertitude. Cependant, nous devons garder à l'esprit que les récessions font partie d'un cycle économique normal et ne sont certainement pas la fin du monde.

L'histoire ne se répète pas, mais elle rime souvent

Dans une situation comme celle-ci, nous sommes souvent collectivement à la recherche d'une explication et d'un point de référence historique. Aujourd’hui, la comparaison avec la crise la plus récente, la pandémie de COVID, s'impose.

Comme Mark Twain l'a dit il y a de nombreuses années : "L'histoire ne se répète pas, mais elle rime souvent".

Des points de convergence existent, évidemment. Mais il y a également des différences claires. Dans les deux cas, l'impact sur l'économie mondiale était important. Mais, dans le cas de la pandémie, nous avions affaire à une fermeture complète. Ici, les tarifs et surtout l'incertitude sur la suite créent une forte perturbation et il s'agit également de la possible réorganisation à court/long terme de certaines chaînes d'approvisionnement. En revanche, la fermeture n’est pas complète. Ensuite, une grande partie du commerce mondial n'est pas affectée. Et, enfin, l'économie américaine est composée d'environ un tiers de biens et de deux tiers de services qui, eux, échappent actuellement aux tarifs.

En réponse à la pandémie de COVID, les banques centrales du monde entier ont injecté des quantités sans précédent de liquidités dans le système. Comme nous avons pu l'entendre vendredi de la part de Jerome Powell de la Fed, cela ne sera pas le cas cette fois. La banque centrale américaine a un double mandat : elle veille à la stabilité des prix et au plein emploi. Le président de la Fed a indiqué que s'il pesait ces éléments aujourd'hui, il était encore trop tôt pour réduire les taux d'intérêt. Le marché du travail reste actuellement fort et il est probable que les tarifs, au moins à court terme, poussent l'inflation vers le haut. Cependant, nous nous attendons, plus tard dans l'année, à d'autres réductions de taux, aussi bien aux États-Unis et qu’en Europe.

Actuellement, les interventions ne sont ni vigoureuses ni coordonnées : chaque pays ou chaque bloc prendra individuellement des mesures pour soutenir son économie. Aux États-Unis, des réductions d'impôts sont à venir, en Europe, un stimulus fiscal d'une ampleur similaire à celle du plan Marshall est sur la table. Quant à la Chine, le bazooka fiscal sera bientôt dégainé.

Sur le plan de la coopération, il sera intéressant de voir comment les blocs en dehors des États-Unis agiront entre eux. Il est possible que les actions de Donald Trump entraînent une coopération plus étroite entre l'Europe et la Chine mais, plus important encore, une coopération plus étroite au sein de l'Europe. Nous sommes peut-être à la veille d'une redéfinition de la carte géopolitique.

Rechercher la désescalade

En fin de compte, le médicament dont ce marché a besoin est la désescalade. C'est à la fois beaucoup plus simple que pour le COVID mais peut-être plus difficile à administrer car l'unanimité est loin d'être acquise.

Mais il y a quand même quelques points positifs. Pour de nombreux observateurs, il est encore difficile d'estimer si les faits et gestes de Donald Trump visent à forcer ses partenaires commerciaux aux concessions. Ce qui a le plus choqué le marché est le point jusqu’auquel le président américain est prêt à aller pour gagner.

Mais il y a des limites : la pression de l'opinion publique se renforcera. Dans son propre parti républicain et parmi certains de ses bailleurs de fonds, des voix s'élèvent pour lui demander de calmer le jeu et même de mettre en place une période de refroidissement de 90 jours. Une annonce dans ce sens soulagerait immédiatement les marchés.

Mais la désescalade peut également venir de l'autre côté de la table des négociations. La réaction de la Chine pour riposter immédiatement et sévèrement n'a pas contribué à améliorer le sentiment. Mener une guerre commerciale avec votre plus grand client n'est probablement pas une très bonne idée. D'autres pays comme le Vietnam, l'Inde et le Japon adoptent une position plus modérée. En Europe, on réfléchit encore à une éventuelle réaction. Mais il y a quand même quelques voix (pays) qui plaident pour la retenue. Une désescalade dans les prochains jours est donc tout à fait possible. Et c'est le médicament dont les marchés ont actuellement besoin.

La volatilité conduit à l'opportunité

En attendant les premiers signes de désescalade, les marchés resteront volatils et la prudence est de mise.

Cependant, des situations comme celle-ci ont toujours conduit à de belles opportunités d'entrée à long terme. Si le sentiment est très négatif aujourd'hui, il peut rapidement changer de direction. Le président américain est très imprévisible et, actuellement, le flux des nouvelles est très négatif. Mais cela aussi peut rapidement changer. Il s'agit d'un problème "créé par l'homme" pour lequel il existe une solution "à créer par l'homme". Cette solution s'appelle la désescalade.

Dans un environnement volatil comme celui-ci, il est particulièrement important de rester calme et rationnel. La valeur d'une action peut être "calculée" en alignant tous les bénéfices ou les flux de trésorerie pour les prochaines années et en les actualisant via le taux d'intérêt. L'incertitude que nous avons aujourd'hui aura un impact sur l'économie et les bénéfices des entreprises à court terme. Donc, le premier bénéfice ou flux de trésorerie dans la liste sera probablement plus bas. Mais ce n'est pas le cas pour les échéances qui suivront et détermineront aussi la valeur d'une entreprise ou d'une action. Ou, pour le dire autrement, les entreprises d'aujourd'hui sont encore les mêmes qu'il y a une semaine. L'environnement est incertain à court terme. Mais cela n'a pas nécessairement un impact important sur la valeur à long terme. Actuellement, le marché est très négatif. Et ce sentiment fait que les valorisations sont fortement descendues. Cela offrira des opportunités d'entrée très intéressantes.

Dans ce contexte, il s'agit surtout de garder la tête froide, de protéger les positions et d'être attentif aux premiers signes de désescalade. Car c'est là que se trouve la clé de la solution et de l'amélioration. Et espérons que la pression externe sur Donald Trump, couplée à un peu de pragmatisme de l'autre côté de la table des négociations, fera que nous sommes plus proches d’un mieux que le marché ne le pense aujourd’hui.

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