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La guerre commerciale entre-t-elle dans une nouvelle phase?
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26 MAI

La guerre commerciale entre-t-elle dans une nouvelle phase?

26-5-2025
Geert Ruysschaert – Head of Investment Communication
Geert Ruysschaert Head of Investment Communication
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Rédigé le 26-5-2025 08:28
Publié le 26-5-2025 08:28
L’administration américaine relance la guerre commerciale avec l’Europe.
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Sommaire

  • Donald Trump fait monter la pression dans les négociations avec l’Europe.
  • Le débat budgétaire au Congrès ne délivre pas le marché de ses inquiétudes.
En combinaison avec la remontée des taux d’intérêt, ce développement a mis les marchés sous pression. Même si l’impact négatif est resté raisonnable la semaine dernière, une stratégie d’investissement prudente reste de mise.

Le tweet de trop

Ceux qui pensaient que le pire était passé depuis la pause marquée par Donald Trump dans la guerre commerciale en étaient pour leurs frais vendredi. Après l’annonce qu’Apple devrait payer un droit d’importation de 25% sur les iPhones produits en dehors des Etats-Unis, nous avons eu droit à la cerise sur le gâteau: un tweet du président sur son réseau social Truth Social, dans lequel il plaidait pour une taxe douanière uniforme de 50% sur tous les biens provenant de l’Union européenne. Alors que le président américain annonçait vendredi que cette taxe prendrait effet à partir du 1er juin, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen a finalement obtenu un report au 9 juillet suite à un échange téléphonique avec Donald Trump.

L’espoir qu’il s’agissait seulement d’un moyen de faire pression sur les négociations en cours a permis aux bourses européennes de se remettre de leur choc initial. Toutefois, la prudence est de mise. Le repli tactique entrepris par Donald Trump après l’annonce initiale de ses nouveaux droits de douane le 2 avril lui avait uniquement été dicté par la réaction de panique du marché américain. Pour le reste, il est clair que l’administration Trump mise résolument sur la politique "America First", reléguant le reste du monde à un rôle de sponsor involontaire.

Quel est l’enjeu?

L’ administration américaine reproche à l’Europe le déficit commercial colossal, le régime de la TVA, les taxes sur les services numériques – un segment sur lequel les géants technologiques américains règnent en maîtres – et les nombreuses barrières commerciales non financières. L’Europe se défend de ces accusations au sujet du déficit commercial en argumentant que si l’on tient compte également des services, ce déficit ne s’élève plus qu’à 48 milliards d’euros, soit environ 3% du volume total des échanges commerciaux avec les Etats-Unis.

Jusqu’ici, les décideurs politiques européens recommandent surtout de garder la tête froide et de ne pas surréagir aux menaces américaines. Toutefois, de plus en plus de voix s’élèvent pour avancer qu’une riposte violente comme celle de la Chine est peut-être en l’occurrence la meilleure stratégie. En tout état de cause, l’Europe prépare en ce moment un programme de mesures de rétorsion qu’elle pourra activer lorsqu’elle le juge opportun.

Un problème politique

L’investisseur est ici confronté à un problème fondamentalement politique, qui se caractérise par des rebondissements particulièrement difficiles à prévoir. Le principal protagoniste de ce scénario – c’est-à-dire la nouvelle administration américaine – combine une idéologie économique pour le moins originale à des convictions résolument nationalistes. Or, les marchés financiers considèrent pour une part les finalités poursuivies par cette stratégie comme préjudiciables pour l’économie du pays. Nous avons eu la preuve que Donald Trump n’est pas à l’abri des réactions négatives lorsqu’il s’avère que ses décisions affectent le marché américain. Au contraire, c’est même l’une des rares constantes que nous sommes en mesure de distinguer dans sa politique: lorsque le marché l’y oblige, Donald Trump fait temporairement un pas en retrait. Jusqu’ici, cela a toujours suffi à requinquer le marché, mais il faudra voir quel effet ces rebondissements auront sur le comportement des investisseurs et sur l’économie, deux facteurs pour lesquels la transparence et la stabilité sont cruciales.

Les taux à long terme américains repartent à la hausse

Les tweets de vendredi nous en feraient presque oublier que le principal souci de Mister Market la semaine dernière était l’évolution des taux à long terme américains. La dégradation de la note de la dette américaine par Moody’s la semaine précédente et l’intérêt moyen rencontré lors d’une enchère cruciale d’emprunts d’Etat américains ont propulsé le taux américain à 30 ans à plus de 5%, et ce pour la première fois depuis 2007. La dette publique des Etats-Unis représente d’ores et déjà 122% du PIB. L’année dernière – c’est-à-dire la dernière année de l’administration Biden –, le déficit budgétaire était de 6,4%, soit 1800 milliards de dollars. Et les marchés ne voient pas trop comment les plans budgétaires de Donald Trump sur lesquels le Congrès se penche en ce moment pourraient y remédier…

Le président souhaite surtout maintenir l’actuel régime fiscal avantageux, et même le renforcer sur certains points. Mais les économies prévues ailleurs, notamment au niveau des soins de santé, ne suffiront pas à atténuer le déficit budgétaire. Les taxes douanières pourront certes renflouer les caisses de l’Etat, mais l’impact négatif de ces tarifs sur l’économie américaine pourrait faire chuter les recettes d’autres taxes et impôts.

Les plans budgétaires ne suggèrent pas d’emblée une réduction du déficit

Reste à voir comment les investisseurs obligataires vont réagir. Le marché des emprunts d’Etat américains renferme évidemment toujours de nombreux atouts, et notamment le fait que son énorme envergure lui permet d’absorber une grande quantité de capitaux. Le dollar reste de loin la principale monnaie de réserve au monde, et l’économie américaine demeure la plus dynamique parmi les pays développés. Cependant, le manque structurel de discipline budgétaire combiné aux tensions géopolitiques de plus en plus marquées pourrait encore faire grimper l’extrémité longue de la courbe des taux, et donc augmenter l’écart entre les taux américains à court et à long terme.

Ce nouveau tournant pris par la guerre commerciale et l’inquiétude au sujet de l’évolution des taux à long terme américains empêchent les bourses de poursuivre leur progression. Le Stoxx Europe 600 a ainsi chuté la semaine dernière de 0,5%, tandis que le S&P 500 a dû concéder 1,70%.

Chiffres clés du 19/5/2025 au 23/5/2025

Index Clôture +/- Depuis début 2025
Belgique: Bel-20 4439,13 -0,18% 4,09%
Europe: Stoxx Europe 600 545,13 -0,75% 7,39%
USA: S&P 500 5802,82 -2,61% -1,34%
Japon: Nikkei 37160,47 -1,57% -6,85%
Chine: Shangai Composite 3348,37 -0,57% -0,10%
Hongkong: Hang Seng 23601,26 1,10% 17,65%
Euro/dollar 1,13 1,69% 9,56%
Brent pétrole 64,81 -0,98% -13,29%
Or 3357,48 5,67% 27,89%
Taux belge à 10 ans 3,12
Taux allemand à 10 ans 2,57
Taux américain à 10 ans 4,51

Source : LSEG Datastream

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