Sommaire
- L’IA accélère, et ses besoins en carburant sont immenses.
- Les secteurs connexes méritent toute notre attention.
- Nous allons vers un nouvel âge industriel.
- Une course mondiale aux ressources stratégiques est lancée.
Des géants numériques aux fondations matérielles
Les « Magnificent Seven » ont été portées par l’enthousiasme pour les nouvelles technologies, atteignant des sommets boursiers. Cependant, la nervosité des marchés observée autour du secteur ces derniers temps nous dévoile également la face cachée de cette performance : l’IA et le numérique ont des besoins en infrastructure titanesques. Pour soutenir cette révolution, tout un écosystème doit s’adapter : fabricants de puces, fournisseurs d’énergie, concepteurs de capteurs et opérateurs de data centers. L’IA n’est donc pas seulement une affaire d’algorithmes : elle repose sur un tissu industriel et énergétique considérable, où chaque maillon, du silicium au réseaux électriques, représente un wagon indispensable à la vitesse et la portée de cette révolution.
La faim insatiable des centres de données
Chaque interaction avec une IA mobilise une chaîne invisible : processeurs, mémoires, capteurs, serveurs travaillent en coulisses pour produire une réponse. Cette mécanique, qui paraît immatérielle à l’utilisateur, se traduit par une voracité énergétique bien réelle. En 2024, les data centers ont consommé 415 TWh, soit l’équivalent de la consommation d’électricité annuelle de l’Espagne ! À l’horizon 2030, ces infrastructures devraient consommer 945 TWh d’électricité, soit près de 3% de la consommation mondiale. Cette proportion illustre l’ampleur du défi.
Parallèlement, une nouvelle génération d’IA dite agentique émerge. Les IA les plus connues sont des IA génératives, qui répondent à de simples requêtes. En comparaison, les IA agentiques sont destinées à fonctionner de manière proactive, et permettront de planifier, décider, exécuter et orchestrer des actions pour atteindre un objectif précis, avec une supervision humaine limitée. Ce marché évalué à 7,3 milliards USD en 2025, avec une croissance annuelle de plus de 40%, pourrait atteindre 88 milliards USD en 2032. Ces systèmes autonomes ne se contentent plus de répondre : ils s’apprêtent à devenir un véritable acteur numérique, doté d’initiative et d’autonomie.
Les infrastructures au cœur de la transformation
L’essor de l’IA ne repose pas uniquement sur des moteurs numériques sophistiqués : il s’appuie sur des infrastructures capables de soutenir une croissance hors norme. Les réseaux électriques modernisés, les batteries de stockage et les smart grids (réseaux électriques intelligents) deviennent des piliers indispensables pour absorber l’explosion des besoins. Dans ce contexte, l’énergie nucléaire retrouve une place stratégique, notamment à travers les petits réacteurs modulaires, plus flexibles et adaptés aux besoins des hyperscalers.
Les semi-conducteurs et capteurs de nouvelle génération, véritables neurones de l’IA, concentrent une part majeure des investissements, estimés à 380 milliards USD en 2025. À leurs côtés, les matériaux stratégiques (cuivre, lithium, aluminium, titane ou les terres rares) forment les rails essentiels pour maintenir la vitesse de la locomotive.
Mais l’histoire ne s’arrête pas aux infrastructures : l’IA ouvre la voie à des innovations dans la cybersécurité, la robotique et même la conception d’humanoïdes capables d’agir de manière autonome. L’IA agentique, encore émergente, est appelée à transformer des secteurs aussi sensibles que la santé ou la finance, en offrant des diagnostics plus précis ou une gestion des risques plus agile. Le marché global de l’IA, évalué à 294 milliards USD en 2025, pourrait dépasser 1770 milliards USD en 2032, illustrant une dynamique de croissance qui redessine déjà les équilibres industriels et financiers mondiaux.
Quand la vitesse rencontre les obstacles
Toute révolution technologique avance avec ses zones de turbulence. L’IA, malgré ses perspectives vertigineuses, se heurte déjà à des résistances bien concrètes. Les contraintes énergétiques et matérielles risquent de freiner son expansion, tandis que la concurrence mondiale pousse les géants à investir sans relâche, avec des marges de plus en plus sous pression. Les questions autour du financement de tous ces investissements tiennent les marchés en alerte. Fin de la semaine passée, nous avons assisté au recul de plus de 10% de Broadcom et Oracle. La publication de leurs résultats a amené une certaine volatilité sur le marché, malgré la présentation de chiffres solides tout au long de cette année. Encore une fois, cela nous prouve que les attentes du marché sont immenses. En ce début du mois de décembre, les valeurs du complexe technologique reprennent leur souffle, après une année de croissance folle. Évidemment, il s’agit là d’un signe de prudence à ne pas perdre de vue.
À cela s’ajoute un contexte économique incertain : une attention particulière aux dépenses pourrait réduire les budgets consacrés à l’innovation. Et même si la technologie progresse, les questions de sécurité et de régulation deviennent incontournables. L’IA avance vite, mais chaque pas soulève des interrogations sur sa soutenabilité, sa gouvernance et sa capacité à tenir ses promesses.
La nouvelle géographie de la puissance
Au-delà des prouesses technologiques, c’est une nouvelle géographie industrielle et financière qui se dessine. Les flux d’investissement massifs témoignent d’une redistribution des forces à l’échelle mondiale. Les États-Unis, l’Europe et l’Asie rivalisent pour sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement, tandis que les hyperscalers deviennent des acteurs industriels à part entière, capables de relancer des projets nucléaires ou de bâtir des infrastructures énergétiques.
Ce nouvel écosystème ne se résume plus à la technologie : il devient un levier de puissance économique et géopolitique. L’IA agit ainsi comme un catalyseur, accélérant la compétition mondiale et révélant de nouvelles zones d’influence.
L’IA, entre accélération et vigilance
L’intelligence artificielle n’est plus une promesse abstraite : elle s’impose comme un moteur industriel et financier à part entière. Cette accélération s’accompagne également de défis gigantesques : énergie, infrastructures, régulation, sécurité. Pour l’investisseur, l’enjeu n’est pas seulement de suivre la vague technologique, mais aussi de comprendre l’écosystème qui l’alimente. Les opportunités se trouvent autant dans les géants du numérique que dans les secteurs connexes : l’énergie (nucléaire), les semi-conducteurs, les matériaux stratégiques ou encore la cybersécurité. Miser sur l’IA, c’est monter à bord d’un train dont la vitesse ne cesse d’accélérer. Les opportunités sont nombreuses dans les wagons : de l’énergie, aux semi-conducteurs en passant par la cybersécurité. Il convient aussi de garder un œil sur les signaux et les aiguillages : la croissance est spectaculaire, à condition de rester vigilant sur la trajectoire.
Chiffres clés du 16/12/2025
|
| Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2025 |
| Belgique: Bel-20 |
5010,92 |
0,09% |
17,50% |
| Europe: Stoxx Europe 600 |
579,80 |
-0,47% |
14,22% |
| USA: S&P 500 |
6800,26 |
-0,24% |
15,62% |
| Japon: Nikkei |
49383,29 |
-1,56% |
23,78% |
| Chine: Shangai Composite |
3824,81 |
-1,12% |
14,11% |
| Hongkong: Hang Seng |
25235,41 |
-1,54% |
25,80% |
| Euro/dollar |
1,18 |
0,06% |
13,66% |
| Brent pétrole |
58,98 |
-2,67% |
-21,09% |
| Or |
4315,50 |
0,27% |
64,38% |
| Taux belge à 10 ans |
3,33 |
|
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| Taux allemand à 10 ans |
2,85 |
|
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| Taux américain à 10 ans |
4,15 |
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