Sommaire
- L’Asie est à l’origine d’environ 60% de la croissance mondiale en 2025-2026.
- Avec une décote de plus de 40% par rapport aux Etats-Unis, les valorisations sont attrayantes.
- Le complexe technologique reste le moteur de la croissance.
- Les investisseurs internationaux maintiennent leur sous-pondération.
Rising sun, rising returns: les réformes portent leurs fruits
Dans une large mesure, le moteur de la reprise se situe dans la structure des entreprises elles-mêmes. Le Japon a été longtemps critiqué pour la gouvernance inefficace de ses entreprises, mais les récentes réformes ont permis d’améliorer l’efficacité du capital, d’augmenter les dividendes et de propulser les rachats d’actions propres à des niveaux record. Une tendance comparable se dessine à présent en Corée du Sud, soutenant une amélioration structurelle du rendement sur fonds propres et conférant aux marchés locaux une apparence plus mature aux yeux des investisseurs étrangers. Dans ce nouveau contexte, les traditionnels "pièges de valeur" (les actions, dont la valorisation apparemment bon marché, masquent en réalité des performances médiocres ou des problèmes structurels) se muent en placements à long terme rentables.
Technologies et intelligence artificielle : la force du Dragon
L’Asie est le cœur battant de la chaîne technologique et de production mondiale. Alors que les actions américaines dominent le segment des logiciels et des plateformes, l’Asie du Nord forme la base d’approvisionnement des composantes matérielles nécessaires à la révolution de l’IA : semi-conducteurs, capteurs, plateformes de batteries, robotique et automatisation industrielle. Dans le sillage de l’élargissement des investissements dans l’IA, cette hégémonie se traduit directement par une augmentation des dépenses en capital qui profite aux producteurs asiatiques. Ces composantes connaissent une demande croissante, ce qui explique les brillantes prestations signées en 2025 par les producteurs taïwanais de puces électroniques (e.a. TSMC), les entreprises japonaises spécialisées dans l’automatisation (dont Yaskawa Electric) et les plateformes de commerce électronique chinoises (comme le groupe Alibaba). L’Asie est, par ailleurs, sous la houlette de la Chine, une région clé pour les batteries, les véhicules électriques et les terres rares, des composantes essentielles pour la transition énergétique.
Le Tigre se réveille : les investisseurs locaux prennent l’initiative
A noter que le rallye asiatique n’est, cette fois, pas soutenu uniquement par les investisseurs étrangers. Les investisseurs particuliers locaux, principalement ceux de Chine continentale qui investissent dans des entreprises technologiques cotées à la bourse de Hong Kong; sont devenus beaucoup plus nombreux. Grâce à eux, un élan se dessine, tant dans la dynamique que dans les liquidités présentent dans le marché. La confiance revient chez les investisseurs particuliers de la région. Ils rejoignent désormais les institutionnels. Cette dynamique interne rend le marché plus résilient. Les rallyes précédents, eux, dépendaient uniquement de flux externes.
Lotus et leadership : la croissance à des valorisations attrayantes
Du point de vue économique, l’Asie reste un moteur de la croissance mondiale. Selon les prévisions, elle devrait représenter en 2025-2026 environ 60% de la croissance du PIB mondial.
Cette croissance repose de moins en moins sur les exportations et est de plus en plus soutenue par la consommation intérieure, la digitalisation et l’infrastructure. Les économies d’Asie du Sud et du Sud-Est comme l’Inde, l’Indonésie et le Vietnam laissent entrevoir un rythme de croissance robuste soutenu par une évolution démographique favorable et par l’avènement rapide de la classe moyenne.
En dépit de ces perspectives prometteuses, les actions asiatiques, hors Japon, cotent à seulement 11 à 13 fois le bénéfice attendu, ce qui revient à une valorisation de plus de 40% inférieure à celle des marchés américains, qui sont beaucoup plus chers en raison de la domination des actions de croissance à forte capitalisation. Cet écart de valorisation offre des opportunités intéressantes, en particulier vu la croissance bénéficiaire attendue à moyen terme et la stabilisation du sentiment du marché à l’égard de la Chine.
Les zones d’ombre persistent
Cela dit, les opportunités s’assortissent aussi de risques. La volatilité du marché obligataire japonais et une correction du cycle d’investissement en faveur de l’IA pourraient temporairement faire souffler un vent contraire. La fragilité du marché immobilier chinois est susceptible de peser sur la consommation, tandis qu’un regain des tensions commerciales avec les Etats-Unis demeure un réel danger. Par ailleurs, une remontée du dollar, même si ce n’est pas d’emblée le scénario sur lequel nous tablons, pourrait limiter la marge de manœuvre des banques centrales asiatiques.
L’Asie en équilibre : entre concentration et diversification
Les investisseurs peuvent profiter de la croissance structurelle de l’Asie en combinant les allocations régionales, par exemple à travers des fonds d’actions ou des produits structurés. A titre de complément, les ETF sectoriels permettent de s’exposer à des thèmes à long terme comme la robotique, l’automatisation industrielle, la technologie des batteries et toute la chaîne de valeur des semi-conducteurs. Sans oublier les fonds thématiques qui misent sur l’évolution des modèles de consommation, comme le tourisme domestique et l’essor des marchés des jeux informatiques et des jeux en ligne. Les "small caps" japonaises et chinoises renferment des opportunités intéressantes pour les investisseurs qui sont activement à la recherche de rendement, tandis que les obligations en devise locale de pays comme la Malaisie et l’Indonésie peuvent offrir une diversification supplémentaire et des gains de change potentiels.
Sur les traces de Marco Polo : la Route de la soie 3.0 pour les investisseurs
L’Asie allie des valorisations attrayantes à des facteurs de croissance structurels : la domination technologique, la puissance émergente de la consommation, des réformes et un déplacement géographique de la production. A ce titre, elle offre une alternative aux portefeuilles américains fortement concentrés. Pour les investisseurs disposés à sortir des sentiers battus, l’Asie n’est pas une opportunité temporaire, mais plutôt une destination stratégique pour le long terme. Une version moderne de la Route de la soie avec, au bout, la croissance, la diversification et le rendement.
Comme Marco Polo en son temps, les investisseurs occidentaux (re)découvrent aujourd’hui l’attrait économique de l’Asie. Mais cette fois avec des flux de capitaux au lieu de caravanes…
Chiffres clés du 15/12/2025
|
| Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2025 |
| Belgique: Bel-20 |
5006,48 |
0,41% |
17,40% |
| Europe: Stoxx Europe 600 |
582,54 |
0,74% |
14,76% |
| USA: S&P 500 |
6816,51 |
-0,16% |
15,89% |
| Japon: Nikkei |
50168,11 |
-1,31% |
25,75% |
| Chine: Shangai Composite |
3867,92 |
-0,55% |
15,40% |
| Hongkong: Hang Seng |
25628,88 |
-1,34% |
27,76% |
| Euro/dollar |
1,18 |
0,20% |
13,59% |
| Brent pétrole |
60,60 |
-0,92% |
-18,92% |
| Or |
4303,80 |
0,41% |
63,93% |
| Taux belge à 10 ans |
3,34 |
|
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| Taux allemand à 10 ans |
2,85 |
|
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| Taux américain à 10 ans |
4,18 |
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