Hier, les indices européens ont joué à chat après le rebond spectaculaire, la veille, des bourses américaines dans le sillage de la suspension des tarifs douaniers que Donald Trump avait décidé d’accorder à tous les pays à l’exception de la Chine. Cette guerre commerciale ressemble de plus en plus à un bras de fer entre les deux plus grandes économies au monde.
Pour l’instant, la situation fait un peu penser à la fameuse chanson des Doors: "Riders on the Storm". Le nom du groupe, The Doors, fait d’ailleurs référence à des portes vers d’autres dimensions. "There are things known and things unknown and between them there are doors"… Et de fait, les inconnues sont nombreuses à ce stade. Pour ne pas dire que nous vivons dans un contexte empreint d’une incertitude apparemment perpétuelle. Il suffit de constater la chute inattendue du dollar américain vers le niveau de 1,13 par rapport à l’euro cette nuit.
Dans un tel environnement, il ne faut pas s’étonner que les marchés américains aient assez rapidement décidé de lever le pied une fois la première réaction d’allégresse passée. C’était même logique… mais cela a fait que les bourses européennes ont elles aussi vu une partie de leurs gains partir en fumée dans le courant de la session.
Comme nous le disions, de nombreuses questions restent ouvertes. Un compromis finira-t-il par être trouvé avec la Chine ? Et surtout, quel sera l’impact à long terme de cette guerre commerciale sur la confiance entre les différents pays ? Á un peu plus court terme, il s’agit surtout d’évaluer l’impact que l’incertitude ambiante aura sur l’économie mondiale, s’agissant là de la grande inconnue du moment.
Les retombées des taxes douanières sur la croissance ne font évidemment aucun doute. Mais en contrepartie, nous avons des réductions d’impôts aux États-Unis, un programme d’investissements de l’envergure d’un plan Marshall en Allemagne, et une vague d’incitants prête à déferler en Chine. D’ailleurs, les tarifs douaniers affectent l’économie sur deux tableaux : d’une part en ralentissant la croissance, et d’autre part en faisant augmenter l’inflation.
Á cet égard, on se réjouira de la bonne surprise que nous réservaient les statistiques relatives à l’inflation des prix à la consommation aux États-Unis. Mais une hirondelle ne fait pas le printemps… Ce n’est que dans les mois et les trimestres à venir que nous pourrons prendre pleinement la mesure du véritable impact des taxes douanières.
L’Europe pourrait avoir plus de chance. Elle sera bel et bien touchée également par les droits de douane – les États-Unis visent pour ainsi dire tout le monde –, mais à raison de tarifs moins élevés sur moins de pays. Et surtout, il se pourrait que la Chine tente d’écouler sur le Vieux continent certains de ses produits qui se vendront désormais moins facilement aux États-Unis.
La bonne nouvelle, c’est que la BCE aura ainsi davantage les mains libres pour abaisser les taux et donc relancer l’économie européenne. La Federal Reserve, elle, se heurte à cet égard à son double mandat. Car en plus de veiller à la stabilité des prix, elle doit également aspirer au plein emploi. Pas évident lorsque tant la croissance que l’inflation évoluent dans la mauvaise direction, puisque c’est sans doute l’effet que les taxes douanières provoqueront…
La banque centrale américaine se trouve donc dans une position plus délicate et reste dans l’expectative, attendant de voir ce qu’il adviendra de la croissance et de l’inflation. Cela dit, nous nous attendons tout de même de la part de la Fed à encore deux, voire trois abaissements des taux cette année, dont le premier en juin.
Une autre question cruciale qui se pose est celle de l’indépendance de la Fed. Donald Trump a déjà indiqué à plusieurs reprises qu’il aimerait bien voir les taux d’intérêt diminuer. Jusqu’ici, Jerome Powell se montre réticent, mais il se pourrait qu’il soit remplacé en mai 2026. Et devinez qui désignera son successeur? Donald Trump lui-même! Donc, oui, il se pourrait que la politique monétaire devienne soudain très souple, trop souple, même. Et cela ne fera qu’ajouter à la tendance inflationniste du monde dans lequel nous vivons. Un monde où le pouvoir d’achat fond comme neige au soleil, et où il n’est pas judicieux de conserver trop de liquidités pendant trop longtemps…
Chiffres clés du 10/4/2025 |
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Index | Clôture | +/- | Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 | 3985,61 | 3,19% | -6,54% |
Europe: Stoxx Europe 600 | 487,28 | 3,70% | -4,01% |
USA: S&P 500 | 5268,05 | -3,46% | -10,43% |
Japon: Nikkei | 34609,00 | 9,13% | -13,25% |
Chine: Shangai Composite | 3223,64 | 1,16% | -3,82% |
Hongkong: Hang Seng | 20681,78 | 2,06% | 3,10% |
Euro/dollar | 1,12 | 1,29% | 7,97% |
Brent pétrole | 63,96 | -2,93% | -14,42% |
Or | 3158,87 | 2,72% | 20,32% |
Taux belge à 10 ans | 3,21 | ||
Taux allemand à 10 ans | 2,58 | ||
Taux américain à 10 ans | 4,40 |
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