Sommaire
- Le président Donald Trump lance une nouvelle offensive tarifaire : le facteur a du travail !
- Comme d’autres pays avant elle, l’Europe se voit accorder jusqu’au 1er août pour trouver un accord.
- TACO: un soulagement pour l’investisseur, à condition de s’accommoder de l’énorme volatilité.
30 % de droits de douane pour l’Europe
Mieux vaut ne pas recevoir de lettres du président américain ces jours-ci, car elles contiennent des taxes douanières qu’on préférerait ne jamais devoir payer. Pour y échapper, il n’y a qu’un seul moyen: conclure avant le 1er août un accord commercial avec l’administration américaine. Jusqu’ici, seuls trois pays y sont plus ou moins parvenus: la Chine, le Royaume-Uni et le Vietnam. Plus ou moins, parce que ces accords laissent de nombreux points en suspens. Et dans le cas de la Chine, il s’agit même plutôt de conventions passées dans le seul but d’éviter une escalade du conflit commercial …
Les négociations avec l’Europe semblaient en bonne voie. Néanmoins, pas assez selon Donald Trump, qui a jugé nécessaire d’assommer l’UE de droits de douane de 30 % à payer à partir du 1er août, à moins qu’un accord ne soit trouvé d’ici là. Ou encore, que Donald Trump ne revoie sa position. De nos jours, tout est possible …
Les bourses sont restées plutôt stoïques la semaine dernière. Wall Street a fait du surplace, tandis que le Stoxx Europe 600 a légèrement grimpé sur une base hebdomadaire. De toute évidence, les lettres de Donald Trump ont surtout été interprétées comme un moyen détourné de laisser aux différents pays un peu plus de temps pour trouver un accord avec l’administration américaine. Le moratoire accordé jusqu’au 9 juillet est maintenant expiré, et n’a pas rencontré sans grand succès.
Une lettre est un accord
Pour situer sa nouvelle initiative, le président américain a décrété "qu’une lettre équivalait à un accord". Jusqu’ici, nous pensions qu’une lettre pouvait émaner d’une seule partie, alors que pour conclure un accord, il fallait être au moins deux … Mais les temps changent, et il faut vivre avec son temps. Dans l’intervalle, les intentions de Donald Trump sont claires. Il veut faire des Etats-Unis un paradis pour les entrepreneurs, avec moins d’impôts et moins de régulations. Quant au déficit budgétaire engendré par cette générosité, il se propose de le combler avec l’aide des partenaires commerciaux. Ces derniers sont aimablement priés de ne plus rien exporter vers les Etats-Unis, mais de venir tout simplement y localiser leur production. Il s’agit là d’une politique que l’on attendrait plutôt d’une jeune nation désireuse de protéger son industrie naissante contre les multinationales, mais ici, c’est bien de la plus grande économie au monde qu’il est question … Une nation dont la domination technologique s’étend sur le monde entier et qui veut à présent jouer tous ses atouts – y compris son marché intérieur prospère et sa supériorité militaire – pour créer un modèle profitant uniquement aux Etats-Unis eux-mêmes et reléguant le reste du monde au rang des perdants.
Des exemples anciens … et des lacunes de taille
Si l’objectif poursuivi par l’administration Trump semble convaincre une large frange de la population américaine, force est d’admettre que le modèle présente plusieurs lacunes qui pourraient se révéler fatales. Telle quelle, la politique proposée tient du mercantilisme, le modèle économique auquel les grandes puissances européennes adhéraient jusqu’à la moitié du 18e siècle – c’est-à-dire avant l’émergence de l’économie moderne en tant que science …
Aujourd’hui, la plupart des économistes considèrent la politique de Donald Trump comme une grave erreur, une erreur qui coûtera cher même aux Américains. Dès à présent, les prix des biens importés augmentent aux Etats-Unis, rognant sur le pouvoir d’achat de l’Américain moyen et faisant grimper les coûts pour les entreprises américaines qui sont en partie tributaires des importations. Evidemment, on peut toujours remplacer les importations par des biens produits sur place. Le seul problème, c’est qu’il est impossible de trouver à court terme la capacité de production nécessaire. Pour autant qu’il soit possible de créer cette capacité de production, cela prendra du temps. De plus, les Etats-Unis sont tout bonnement obligés d’importer certains biens, soit par nécessité (les terres rares, par exemple), soit parce que c’est beaucoup plus intéressant. Tout simplement parce que certains biens peuvent être produits à des conditions bien plus avantageuses à l’étranger …
En outre, les barrières douanières tendent à stimuler la créativité humaine, et en particulier la créativité pour les contourner. Il en a toujours été ainsi, et l’histoire des Etats-Unis regorge d’exemples … Globalement, les barrières douanières sont chères et inefficaces.
De plus, c’est un peu l’Amérique contre le monde entier. En postant des messages à tort et à travers, Donald Trump parvient à monopoliser l’attention des médias, mais les autres pays ne restent pas les bras croisés. Donald Trump en est d’ailleurs bien conscient, et cela explique sa nervosité face au sommet des BRICS la semaine dernière. Car qu’adviendrait-il si un bloc de pays influents venait à s’insurger contre les Etats-Unis ?
Trump Always Chickens Out
L’incohérence de la politique américaine risque d’avoir des répercussions sur les marchés financiers. Donald Trump a déjà montré qu’il n’était pas insensible à cette menace, en tout cas lorsque cet impact affecte les marchés américains et donc son propre intérêt. Ces derniers mois, le président américain a fait preuve dans ces situations d’un remarquable talent: celui de faire promptement marche arrière. Un journaliste particulièrement inventif a même imaginé un nouveau terme: TACO – Trump Always Chickens Out. C’est grâce à TACO que l’abrupte correction subie par Wall Street en avril a rapidement cédé la place à une vigoureuse remontée, qui a encore propulsé ce mois-ci les cours vers de nouveaux records.
TACO est-il un allié pour l’investisseur? Certainement, à condition de supporter une bonne tempête de temps en temps …
Chiffres clés du 7/7/2025 au 11/7/2025
|
Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 |
4518,99 |
0,76% |
5,97% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
547,34 |
1,15% |
7,82% |
USA: S&P 500 |
6259,75 |
-0,31% |
6,43% |
Japon: Nikkei |
39569,68 |
-0,61% |
-0,81% |
Chine: Shangai Composite |
3510,18 |
1,09% |
4,73% |
Hongkong: Hang Seng |
24139,57 |
0,93% |
20,34% |
Euro/dollar |
1,17 |
-0,72% |
12,93% |
Brent pétrole |
70,38 |
2,70% |
-5,83% |
Or |
3365,10 |
0,97% |
28,18% |
Taux belge à 10 ans |
3,27 |
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Taux allemand à 10 ans |
2,69 |
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Taux américain à 10 ans |
4,42 |
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