La crise du coronavirus a été rapidement comparée à celle du climat. Toutes deux ont mis en lumière nos modes de vie irresponsables et ont un lien avec la perte de biodiversité. Elles engagent la responsabilité du citoyen et favorisent l’innovation scientifique. Elles contraignent aussi le monde politique à embrasser une cause qui dépasse le cadre de ses mandats.
Mais la comparaison s’arrête là. Pour atteindre les objectifs de la Cop 21, le scénario de 2020 devrait se répéter chaque année jusqu’en 2030. Une modification profonde de nos modèles économiques est donc indispensable pour éviter de revivre récessions et crises sociales.
Large mobilisation
Cette nécessaire
relance verte a déclenché une très large mobilisation. Une tribune a notamment été publiée dans plusieurs journaux européens à l’initiative de Pascal Canfin, président de la Commission environnement du Parlement européen. Elle était signée par onze ministres de l’Environnement, une centaine d’ONG et des dizaines d’entreprises dont BNP Paribas.
Les nombreuses initiatives de ce type sont le témoin d’une véritable réappropriation de la parole publique. Elles rassemblent citoyens, ONG, politiciens, scientifiques et entreprises de tous les secteurs. Elles évoquent toutes la nécessité de repenser le monde d’après. Leurs propositions sont basées sur un modèle inhérent au développement durable : le dialogue et la transversalité.
De nouvelles valeurs
Cette mobilisation est à la hauteur des enjeux. La crise du coronavirus représente un moment clé pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. Les mesures qui seront prises pour relancer l’économie auront un impact sur les dix prochaines années. Le confinement de plus de la moitié de la population mondiale a démontré la capacité de l’humanité à se fédérer autour d’un enjeu universel. Il a aussi livré à ces citoyens des clés essentielles à leur mobilisation : moins de déplacements inutiles, plus de télétravail, de soutien aux circuits courts, plus de solidarité… À certains, il a même rendu confiance dans l’État-nation protecteur et universellement engagé.
Une économie plus locale ?
La crise sanitaire a également démontré à quel point les chaînes d’approvisionnement sont fragiles dans une économie mondialisée. La relocalisation de certaines activités, comme la fabrication des batteries ou des énergies renouvelables, comporterait plusieurs avantages. Elle permettrait de rendre nos régions moins vulnérables à une paralysie des
pays émergents et de développer des activités créatrices d’emplois.
Pour les marchés financiers, c’est également dans l’intérêt des entreprises. Celles qui avaient
les meilleures pratiques ESG et une chaîne d’approvisionnement flexible ont le mieux résisté. Une aubaine pour l’investisseur durable qui a eu la confirmation que donner du sens à ses investissements peut aussi être rentable.