Il est, naturellement, difficile de voir dans l’action d’hier autre chose qu’une poursuite de l’escalade du conflit. Mais paradoxalement, celle-ci nous rapproche aussi d’un possible dénouement. De nombreux scénarios restent évidemment possibles.
Dès le premier jour du conflit, il était frappant de constater que les forces armées iraniennes n’étaient pas en mesure d’offrir beaucoup de résistance aux attaques israéliennes. Ces dernières n'ayant pas réussi à détruire complètement les infrastructures nucléaires iraniennes, ce qui était malgré tout un objectif capital, les combats semblaient devoir se prolonger. Cependant, l’attaque d’hier semble avoir atteint cet objectif d’un seul coup, ou du moins s’en être rapproché. Cela pourrait ouvrir la voie à une reprise des négociations.
Selon les déclarations de Donald Trump, il est possible que l'action soit terminée (pour le moment). Même si l’on ne peut exclure l’attaque de cibles supplémentaires au cours des jours et des semaines à venir.
Pour l’heure, il s’agit d’attendre la réaction de l’Iran, dont l’appareil militaire s’est retrouvé fortement affaibli ces derniers jours. Nous ne pouvons exclure le risque d’attaques de l’Iran ou de ses alliés dans la région visant des cibles américaines. Mais cette possibilité ne fait certainement pas partie des scénarios de base, car elle déclencherait immédiatement une riposte américaine. Le même raisonnement s’applique pour le blocus du Détroit d’Ormuz, qui fait l’objet de bon nombre de spéculations. Ce n’est pas non plus un scénario de base, vu l’incertitude quant aux capacités militaires iraniennes et surtout vu que nul ne sait combien de temps la communauté internationale, à savoir les Etats-Unis, le tolérerait.
Les dirigeants iraniens semblent avoir deux options : opter pour une escalade totale ou choisir tout de même la voie des négociations. Du point de vue de la souffrance humaine associée au conflit, cette dernière solution est non seulement la plus souhaitable, mais aussi la plus probable. Il ne faut pas oublier qu'un régime affaibli peut être confronté à une rébellion interne, pouvant entraîner un éventuel changement de pouvoir. Un scénario plus négatif serait la chute du régime sans succession claire, menant à une guerre civile, comme ce fut le cas en Syrie récemment. Cela nuirait gravement à la stabilité de la région.
Dans nos publications précédentes, nous avons souvent évoqué le Quatrième tournant, une période d’incertitude géopolitique, d’instabilité et de volatilité importantes. Les événements des derniers jours et des dernières semaines ainsi que l’attaque d’hier renforcent cette théorie.
Avec cette intervention, les États-Unis montrent que, lorsque la diplomatie échoue à obtenir les résultats escomptés, d'autres options sont envisagées. Cela seul indique déjà que nous évoluons dans un monde géopolitique plus volatil qu'il y a quelques années.
Il est également important de noter que cette action a été initiée par le Président Trump sans l’approbation du parlement américain. La constitution américaine confère au Congrès américain le pouvoir de déclarer la guerre à un autre pays. Mais les "pouvoirs de guerre" permettent au Président de déployer l’armée sans l’accord du parlement pour autant que le pouvoir législatif en soit informé 48 heures à l’avance. Par ailleurs, sans l’aval du parlement, l’opération ne peut durer que maximum 60 jours. Il est évident que cette action ne va pas améliorer l’unité au sein de la politique et de la société américaine.
Nous verrons aujourd’hui comment les marchés vont réagir face à ce nouveau tournant dans le conflit. Jusqu’à présent, ils ont réagi de manière plutôt modérée. Les investisseurs commencent à développer une sorte d’accoutumance à la volatilité et aux chocs. Et comme nous l’avons déjà indiqué dans notre Flash de la semaine dernière, l’histoire financière leur donne raison. Ces 20 dernières années, nous avons connu beaucoup d’épreuves (crises, conflits, épidémies, …). Mais si l’on regarde sur le long terme, on constate que l’indice S&P 500 avance inlassablement et imperturbablement en dépit de toutes les "perturbations" à court terme.
Nous nous attendons non seulement à ce que cette tendance se poursuive, mais aussi à ce que la future réaction des marchés reste mesurée.
Dans un premier temps, il se peut que le prix du pétrole grimpe encore un peu. Toutefois, cette hausse interviendrait dans un contexte où l'offre de pétrole n'est clairement pas en pénurie. A l’heure actuelle, l’Iran ne produit que 1,6 million de barils par jour, ce qui est inférieur à la réduction volontaire de 2,2 millions de barils par jour de l'OPEP+. Même une interruption totale de l’ensemble des exportations de l’Iran pourrait être facilement compensée par les autres pays de l’OPEP+. En outre, des pays comme le Brésil et la Guinée vont augmenter leur production dans les prochaines années. En résumé, nous pensons qu’un éventuel pic du prix du pétrole, comme celui qui se profile déjà, sera plutôt de courte durée.
Certaines valeurs refuges pourraient bénéficier de cette escalade. Mais si l’action d’hier est plutôt perçue comme un pas vers une possible fin (négociée) du conflit, cette situation sera également plutôt limitée.
On peut tenir le même discours pour les marchés des actions, où certaines pertes sont possibles, mais où la vision à plus long terme prévaudra également rapidement. Une première indication dont nous disposons dans ce sens est que les bourses du Moyen-Orient n’ont pas baissé après l’annonce de l’attaque, mais ont légèrement grimpé. Ceci pourrait indiquer que le point de vue, selon lequel nous sommes maintenant plus proches de la fin du conflit, l’emporte sur la vision de l’"escalade".
Le fait que les marchés asiatiques aient clôturé leur première séance de la nouvelle semaine sans changement va dans le même sens. Bien entendu, des scénarios moins favorables à court terme pour le marché, comme un blocage du détroit d'Ormuz ou une réaction plus violente de l'Iran, ne peuvent être exclus et nous devons rester vigilants.
Le message principal sur lequel nous voulons encore insister est que nous connaissons malheureusement une période de volatilité géopolitique et économique accrue. Mais que nous ne devons pas craindre cette volatilité, nous pouvons même l’intégrer dans notre stratégie.
Rappelez-vous la chute rapide des marchés des actions après le Liberation Day du 2 avril et le redressement tout aussi rapide dans les semaines qui ont suivi. Garder la tête froide et chercher des opportunités, tel était le mot d’ordre à l’époque, et cela reste valable aujourd’hui. Dresser des listes d’achat d’actions de qualité ou de thèmes afin de renforcer les positions en cas de repli éventuel s’avère dès lors une bonne idée.
Les turbulences actuelles constituent toujours un moment idéal pour rester attentifs aux tendances à long terme. Nous surveillons avec la plus grande attention le dollar américain qui jusqu’ici n’a pas joué son rôle traditionnel de valeur refuge. Nous verrons si cet état de fait se poursuit dans les prochains jours, car cela renforcerait notre vision prônant une régression de l’exceptionnalisme américain (le fait que l’argent afflue automatiquement vers les Etats-Unis, surtout en périodes de crise). Nous voyons donc de plus en plus d’opportunités d’achat en dehors des Etats-Unis. La puissance militaire et les flux d’argent ne doivent pas nécessairement suivre la même direction. Mais attention : l’exceptionnalisme n’est pas un concept binaire. Ce n’est pas 0 ou 1, mais quelque part entre les deux. Ce qui signifie que nous ne devons pas totalement négliger les valeurs technologiques. Car pour ceux qui en douteraient encore : la technologie reste toujours fortement associée aux États-Unis.
Il est en tout cas crucial de regarder au-delà de l’incertitude et de déceler les opportunités liées à la volatilité du marché. Nous suivons de près la situation au Moyen-Orient et dans le reste du monde et continuerons à vous tenir informés.
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Chiffres clés du 16/6/2025 au 20/6/2025 |
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Index | Clôture | +/- | Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 | 4439,53 | -0,82% | 4,10% |
Europe: Stoxx Europe 600 | 536,53 | -1,54% | 5,70% |
USA: S&P 500 | 5967,84 | -0,15% | 1,47% |
Japon: Nikkei | 38403,23 | 1,50% | -3,74% |
Chine: Shangai Composite | 3359,90 | -0,51% | 0,24% |
Hongkong: Hang Seng | 23530,48 | -1,52% | 17,30% |
Euro/dollar | 1,15 | -0,25% | 11,20% |
Brent pétrole | 77,03 | 3,53% | 3,06% |
Or | 3367,64 | -1,69% | 28,27% |
Taux belge à 10 ans | 3,10 | ||
Taux allemand à 10 ans | 2,52 | ||
Taux américain à 10 ans | 4,38 |
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