Sommaire
- L’attaque israélienne contre l’Iran amplifie l’incertitude géopolitique.
- Pour l’heure, les marchés réagissent de manière modérée, le pétrole et l’or faisant office de valeurs refuges.
- Cette fois-ci, le dollar américain ne joue pas son rôle de monnaie refuge.
- Le secteur énergétique a un nouveau rôle à jouer.
Encore plus d’incertitude géopolitique
L’attaque israélienne contre l’Iran, vendredi dernier, nous rappelle que nous vivons dans un environnement géopolitique particulièrement volatil. Indépendamment de la souffrance humaine qui y est associée, cette crise pose un certain nombre de questions à l’investisseur. Dans ce Flash, nous analyserons quelques scénarios et conséquences possibles pour les marchés et nos investissements.
Comme le dit Neil Howe, nous en sommes à un "quatrième tournant" : une période de grande incertitude géopolitique et d’instabilité. Les conflits violents deviennent plus probables, même si le calendrier précis reste toujours imprévisible. Malgré des discussions antérieures entre les Etats-Unis et l’Iran portant sur un accord nucléaire, Israël a décidé, au nom de la sécurité nationale, de passer à l’action de manière inattendue.
Une réaction des marchés plutôt modérée
La réaction des marchés vendredi a été conforme aux attentes. En tant que valeurs refuges, le pétrole et l’or ont progressé et les marchés des actions ont décliné. Mais ce déclin s’est avéré plutôt modéré. Ce qui s’explique par deux raisons.
Les investisseurs commencent à développer une sorte d’accoutumance par rapport à la volatilité et aux chocs. Ces 20 dernières années, nous avons déjà connu tant d’épreuves (crises, conflits, épidémies, …) que les investisseurs sont moins vite déstabilisés. Et si l’on regarde le tableau à long terme, l’histoire financière leur donne raison. Le graphique que j’ai devant les yeux, et qui est d’ailleurs accroché au mur de mon bureau, est celui du S&P500 montrant les crises financières et géopolitiques, à commencer par la crise de Cuba. A chaque fois, ces crises semblent n’engendrer que des perturbations passagères, jamais en mesure d’empêcher une hausse substantielle des cours au fil des années.
Une deuxième explication est que le marché part (espérons à juste titre) du principe que, aussi grave soit-elle d’un point de vue humain, la situation ne va pas continuer à se détériorer et n’aura pas d’impact majeur sur le reste du monde (ou de l’économie mondiale).
Pourquoi la hausse du prix du pétrole n’est peut-être pas structurelle
Le prix du pétrole a pas mal augmenté, mais nous ne pensons pas qu’il va crever le plafond de manière structurelle. Une hausse de longue durée du prix du pétrole ne serait évidemment pas une bonne nouvelle pour l’économie mondiale ni pour l’inflation. Elle pourrait aussi avoir un impact sur la politique monétaire des banques centrales et surtout de la Fed.
Mais les choses ne se passeront peut-être pas comme ça. Parallèlement à la destruction des infrastructures nucléaires et militaires, Israël veut aussi toucher le cœur économique de l’Iran. A cette fin, des attaques ont déjà frappé South Pars, le plus grand gisement gazier du monde, principalement utilisé pour la consommation intérieure de l’Iran. Israël va peut-être faire preuve d’un peu plus de prudence avec les attaques des infrastructures dont la production est destinée à l’exportation, et ce, pour ne pas se mettre encore plus à dos l’opinion publique internationale. A l’heure actuelle, l’Iran ne produit que 1,6 million de barils par jour. Même une disparition totale de l’ensemble des exportations de l’Iran pourrait être facilement compensée par les autres pays de l’OPEP+. En outre, des pays comme le Brésil et la Guinée vont augmenter leur production au cours des prochaines années. Le marché mondial du pétrole est actuellement aux prises avec une offre excédentaire et une grande partie de la production devrait disparaître avant que nous connaissions une pénurie.
Ceci pourrait tout de même se produire si nous arrivons à une escalade totale, avec d’autres pays du Golfe impliqués dans le conflit et/ou un blocus du détroit d’Ormuz. Il s’agit là d’un scénario extrême et improbable, suite auquel l’Amérique et d’autres pays interviendraient probablement très rapidement.
En résumé, nous nous attendons à ce que le prix du pétrole reste volatil, mais nous ne pensons pas qu’il va d’emblée rester longtemps au-dessus d’environ 100 USD.
Un dollar qui n’augmente pas
Cela fait déjà un an que tout le monde parle du possible déclin de l’"exceptionnalisme" américain : le fait que l’argent prenne moins la direction des États-Unis, d’autant plus en cas de crise, que dans l’ère prétrumpienne. Ce scénario s’est encore confirmé vendredi dernier. A une autre époque, dans un autre monde, il n’y a pas si longtemps, le dollar avait gagné plusieurs points par rapport à presque toutes les autres devises mondiales, à l’exception peut-être du franc suisse. Vendredi, ce n’était clairement pas le cas. Cela confirme pour nous l’affaiblissement du statut de monnaie refuge du dollar américain.
Scénarios pour les prochains jours et les prochaines semaines
Le conflit qui a commencé vendredi pourrait durer plusieurs semaines, voire plus longtemps. Jusqu’à présent, il s’agit d’une confrontation entre Israël et l’Iran. Le gouvernement américain fait savoir qu’il est informé par Israël, mais indique aussi très expressément qu’il ne participe pas à l’action. L’Iran a peut-être intérêt à maintenir cette situation.
Dans cette optique, un blocus iranien du détroit d’Ormuz ou une attaque contre des cibles américaines ou d’autres états du Golfe reste plutôt improbable. Un accord négocié sur les ambitions nucléaires iraniennes peut toujours tomber, même si les négociations avec les Etats-Unis sont suspendues et s’il semble plus loin que jamais.
Tant que nous restons dans le scénario de base, l’impact sur les marchés restera plutôt limité. Tout ce qui indique une escalade ou une évolution dans le sens d’un scénario plus extrême va logiquement continuer d’augmenter la volatilité.
Le secteur énergétique : un refuge envisageable ?
Nous disons depuis un bon moment que le secteur énergétique (les énergies traditionnelles comme les énergies durables, qui semblent avoir atteint le creux de la vague après une période compliquée) offre une possibilité intéressante d’investir indirectement dans l’IA et la révolution quantique. Nous savons en effet que les datacenters et l’ensemble des nouvelles technologies consommeront beaucoup d’électricité et d’énergie. Le poids du secteur de l’énergie total dans le S&P500 n’est actuellement que de 4%, notamment en raison de la hausse du poids des valeurs technologiques. Il y a encore peu de temps, il représentait 12%, et même 30% dans un passé lointain. Il est peu probable que nous revenions à ces niveaux élevés, mais on voit encore du potentiel. Nous ne pensons pas être à la veille d’une hausse explosive et de longue durée du prix du pétrole. Mais si un scénario plus extrême se produisait tout de même, le secteur énergétique s’en tirerait relativement très bien. Dans le cas contraire (ce que nous espérons quand même tous), les tendances à long terme se poursuivraient, et l’énergie constitue une manière bon marché d’investir dans l’IA.
En attendant, nous continuons de suivre de près la situation au Moyen-Orient et nous ne manquerons pas de vous informer de toute évolution…
Chiffres clés du 9/6/2025 au 13/6/2025
|
Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 |
4476,21 |
-1,21% |
4,96% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
544,94 |
-1,57% |
7,35% |
USA: S&P 500 |
5976,97 |
-0,39% |
1,62% |
Japon: Nikkei |
37834,25 |
0,25% |
-5,16% |
Chine: Shangai Composite |
3377,00 |
-0,25% |
0,75% |
Hongkong: Hang Seng |
23892,56 |
0,42% |
19,11% |
Euro/dollar |
1,15 |
1,36% |
11,48% |
Brent pétrole |
74,40 |
11,85% |
-0,45% |
Or |
3425,70 |
3,06% |
30,49% |
Taux belge à 10 ans |
3,11 |
|
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Taux allemand à 10 ans |
2,54 |
|
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Taux américain à 10 ans |
4,41 |
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