Sommaire
- L’instabilité politique persiste, avec à nouveau la chute d’un gouvernement.
- La France est confrontée à une dette publique colossale et à des charges d’intérêts croissantes.
- L’UE prône l’austérité, mais les réformes se révèlent difficiles.
- Les secteurs cycliques sont en proie à des difficultés, tandis que les secteurs défensifs parviennent à maintenir le cap.
- Les investisseurs ne paniquent pas, mais restent prudents en attendant que l’incertitude politique se dissipe.
"Même le plus élégant des sacs à main perd de sa valeur si sa doublure se déchire…"
Cette phrase, nous l’avons écrite en juillet à propos des défis auxquels la France était confrontée sur le plan économique et budgétaire. Et malheureusement, la métaphore est toujours douloureusement actuelle. La situation est complexe : la charge de la dette augmente, le déficit budgétaire compte parmi les plus élevés d’Europe et le pays ne dispose toujours pas d’un plan de relance largement soutenu. La France a une longue tradition de résilience politique et économique, mais celle-ci semble aujourd’hui compromise. Le gouvernement Bayrou est tombé, renversé par l’Assemblée nationale lors du vote de confiance qu’il avait lui-même convoqué.
On s’attend à ce que le président Macron nomme dans les prochains jours un nouveau premier ministre, et ce pour la cinquième fois depuis 2022. Á l’évidence, la France préfère éviter de nouvelles élections. Dans ce contexte, on peut se demander si les partis du centre sont encore suffisamment soudés et combatifs pour fixer un cap qui leur permettra de redresser la barre. Entretemps, ce n’est plus d’une nouvelle doublure que la France a besoin, mais bien d’un tout nouveau modèle aux détails élaborés, aux coutures solides et au concept à l’épreuve du temps …
Le paradoxe français : une croissance faible sur fond de dépenses élevées
La France est confrontée à une dette publique de 114% qui risque de déraper encore davantage en direction de 118%. Les charges d’intérêts représentent dès à présent 10% du budget de l’État – davantage, donc, que les dépenses en faveur de la défense – et devraient pour ainsi dire doubler d’ici 2030. Dans le même temps, les dépenses publiques (57% du PIB) et la pression fiscale (45%) demeurent exceptionnellement élevées. La croissance économique est plutôt limitée, les tensions sociales pèsent sur la politique et comme en Belgique, le vieillissement de la population apporte son lot de défis. Face à ce contexte, la Commission européenne prône l’austérité. Mais c’est justement là que le bât blesse…
Taux d’intérêt et solvabilité : les fondements vacillent
Le taux français à dix ans a récemment atteint son niveau le plus élevé de l’année et affichait hier 3,41% à la clôture. La prime de risque par rapport à l’Allemagne augmente également et se rapproche progressivement du niveau de celle de l’Italie. Bien qu’il s’agisse là d’un signe trahissant l’inquiétude des investisseurs, l’impact reste pour l’instant limité grâce à la longue durée de la dette publique de la France, qui oscille en moyenne aux alentours de 8,5 ans et qui retarde donc les effets de la remontée des taux. De plus, la France profite du statut de confiance que lui confère son appartenance à l’Union européenne et qui fait que ses taux d’intérêt augmentent moins que ceux par exemple du Royaume-Uni, alors que sa discipline budgétaire est bien moins rigoureuse. Nous ne nous attendons pas à une dégradation de la note de solvabilité pour l’instant, mais nous ne pouvons toutefois pas exclure cette éventualité pour 2026…
Les marchés attendent…
La bourse française a récemment souffert de l’instabilité politique, surtout le CAC 40. L’incertitude qui plane sur la politique budgétaire et sur la composition future d’une coalition fonctionnelle a aggravé la volatilité. Les secteurs cycliques comme la finance, la construction et l’industrie s’y sont montrés les plus sensibles dès lors qu’ils sont tributaires des investissements publics et de la stabilité de l’économie. Les secteurs défensifs, en revanche – pensons par exemple aux soins de santé et aux biens de consommation –, sont parvenus à maintenir le cap parce qu’ils sont moins sensibles à la conjoncture. En dépit des signes de reprise, les investisseurs resteront dans l’expectative jusqu’à ce que l’incertitude politique se dissipe.
Il est temps de trouver un nouveau modèle
Que ce soit du point de vue économique ou politique, la France se trouve à la croisée des chemins. Les réparations cosmétiques ne suffisent plus. Les déchirures de la doublure – les dettes de plus en plus élevées, le déficit budgétaire colossal et le morcellement politique – se voient désormais de l’extérieur. Une solution durable requiert davantage qu’un ravaudage provisoire. Pour l’instant, les marchés attendent la décision du président Macron. Et jusqu’à ce que la clarté soit faite, la nervosité au sujet des investissements français restera palpable.
Chiffres clés du 8/9/2025
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Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 |
4793,69 |
0,52% |
12,41% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
552,04 |
0,52% |
8,75% |
USA: S&P 500 |
6495,15 |
0,21% |
10,43% |
Japon: Nikkei |
43643,81 |
1,45% |
9,40% |
Chine: Shangai Composite |
3826,84 |
0,38% |
14,17% |
Hongkong: Hang Seng |
25633,91 |
0,85% |
27,79% |
Euro/dollar |
1,17 |
0,07% |
13,42% |
Brent pétrole |
66,05 |
0,79% |
-11,63% |
Or |
3645,61 |
1,70% |
38,86% |
Taux belge à 10 ans |
3,20 |
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Taux allemand à 10 ans |
2,64 |
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Taux américain à 10 ans |
4,04 |
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