La Fed indépendante

La Fed indépendante

Ce mercredi soir, la Fed, la banque centrale américaine a annoncé qu’elle laissait son taux directeur inchangé à 4,5%. Pour ceux qui en doutaient, l’institution a donc bien conservé son indépendance et préfère attendre de mesurer l’impact économique des tarifs douaniers avant de baisser ses taux. Selon Jerome Powell, l’économie américaine reste solide, le chômage s’est stabilisé à des niveaux faibles, le marché de l’emploi est vigoureux et l’inflation légèrement élevée. Cette décision a peu ému les marchés qui l’avaient largement anticipée et attendaient surtout un peu de visibilité sur la future politique monétaire. Le Nasdaq et le S&P500 ont terminé à l’équilibre et le Dow Jones sur un gain modeste. Face à l’euro, le dollar a tout de même légèrement progressé, soutenu par l’imminence des pourparlers commerciaux entre la Chine et les Etats-Unis.

Anne, ma sœur Anne…

Jerome Powell l’a répété : il est impossible d’anticiper avec la politique monétaire. Selon lui, « l’incertitude au sujet des perspectives économiques s’est encore accrue ». Et il soutient que « la politique monétaire (les) place en bonne position pour répondre en temps opportun aux développements économiques potentiels ». Il a également pointé le décalage subsistant entre les indicateurs subjectifs comme la confiance, en baisse, et les indicateurs objectifs, comme le chômage ou l’emploi, qui ne montrent aucune trace de ralentissement. A l’instar des sœurs en proie aux assauts du Barbe Bleue de Perrault, il nous faudra donc guetter au-delà du soleil et de l’herbe.

L’Europe résiliente

En Europe, les commandes industrielles allemandes ont été publiées : elles sont meilleures que prévu et en hausse, pour la première fois de cette année. Le bund allemand, quant à lui, s’est détendu à 2,475%, conforté par la validation de l’élection du chancelier Friederich Merz.

Il faut dire que l’Europe surprend par sa résilience. D’après une communication de diplomates de l’AFP, elle envisage de frapper des produits américains de taxes douanières pour un montant total de 100 milliards d’EUR. Même si, a priori, cela reste un projet et qu’il ne verra le jour qu’en cas d’échec des négociations, la liste des produits visés sera publiée ce jeudi. Certaines sources comme le Financial Times évoquent les avions de Boeing.

Trump fait son cinéma !

Cette semaine, le président américain annonçait aussi sa décision d’imposer des droits de douane de 100% sur les films diffusés aux Etats-Unis mais produits à l’étranger. Même si, aujourd’hui, l’industrie américaine du cinéma exporte 3 fois plus que ce qu’elle importe, cette décision vise notamment… la Chine, qui est le deuxième marché mondial du cinéma derrière les Etats-Unis ! En réponse au Liberation Day, son rival économique avait annoncé, début avril, qu’il réduirait la diffusion de films américains dans ses cinémas.

Mais la santé du cinéma américain dépasse bien le contexte de la guerre commerciale. Bien qu’il ait généré près de 280 milliards de bénéfices et employé 2,3 millions de personnes en 2022, ces 2 dernières années, les dépenses de production américaines ont chuté de 26%. Le secteur a été largement affaibli par les grèves répétées, le nouvel essor des plateformes de streaming mais aussi les incitants fiscaux permettant à de nombreux projets d’être produits et tournés dans d’autres pays comme le Canada, l’Australie ou le Royaume-Uni.

Défini par certains géopoliticiens comme une arme de propagande massive pour un Etat tout-puissant, le cinéma américain serait-il la prochaine victime du « Make America great again » ?