Sommaire
- La France est confrontée à un endettement croissant et peine à réformer fondamentalement sa politique.
- L’Allemagne rompt avec le passé et opte résolument pour une politique d’investissement historique.
- Les primes de risque sur les obligations françaises dépassent celles du Portugal et de la Grèce.
- Les actions allemandes revêtent de l’attrait, en particulier dans les secteurs de la défense et de l’infrastructure.
France et Allemagne : chacune son style, mais toutes deux déterminantes pour l’Europe
"La mode se démode, le style jamais": qui aurait cru que cette célèbre citation de Coco Chanel s’appliquerait un jour à la politique économique de la France et de l’Allemagne ? Les deux pays forment depuis des décennies l’épicentre de la politique (économique) européenne et jouent tous deux un rôle-clé dans les négociations internationales, encore aujourd’hui dans le conflit commercial avec les Etats-Unis. Cependant, même si la France et l’Allemagne opèrent souvent côte à côte sur la scène diplomatique, leurs styles économiques sont fondamentalement différents. Les deux pays rappellent ces maisons de haute couture emblématiques: toutes sont reconnaissables, influentes, mais chacune a sa signature distinctive … La France porte ainsi depuis des années un accessoire indémodable : son déficit. Depuis 1974, le pays n’a pas été une seule fois en mesure de présenter un excédent budgétaire. L’Allemagne, par contre, s’est distinguée pendant des années par sa discipline budgétaire à toute épreuve – jusqu’à ce que les récents chocs géopolitiques et économiques ébranlent le modèle classique …
France : une haute couture décousue
L’économie française reste stable, mais est confrontée à plusieurs problèmes structurels majeurs: d’abord, une dette publique en hausse qui se rapproche de 118 % du PIB ; ensuite des charges d’intérêts qui représentent dès à présent 10 % du budget de l’Etat et qui devraient pour ainsi dire doubler d’ici 2030. La France dépense donc plus pour s’acquitter de ses charges d’intérêts que pour investir dans la défense. Avec une pression fiscale de 45 % et des dépenses publiques représentant 57 % du PIB, la France compte parmi les pays les plus taxés d’Europe. La récente agitation politique suscitée par la réforme des pensions confirme l’image d’un pays qui devrait d’urgence repenser sa politique économique. Depuis des décennies, des voix s’élèvent en faveur d’une réforme. Mais contrairement au secteur de la mode qui se renouvelle en permanence, la France éprouve d’énormes difficultés à réaliser des changements structurels.
Le nouveau style de l’Allemagne : l’expansion au lieu de l’équilibre
L’Allemagne vient quant à elle de réaliser un changement de cap sans précédent en décidant d’investir d’ici 2029 près de 800 milliards d’euros dans la défense et l’infrastructure. Rompant résolument avec sa traditionnelle discipline, le pays laissera ainsi son déficit budgétaire excéder temporairement les 3 % du PIB. L’objectif: imprimer, à travers cette approche expansive, un nouvel élan à l’économie. Cela qui inclura des réductions d’impôts et des investissements dans les chemins de fer, les ponts et d’autres secteurs stratégiques. En effet, cette économie, avec sa croissance en perte de vitesse, en a grand besoin. Les prévisions pour 2025 tablent sur une croissance du PIB oscillant entre -0,1 % et +0,4 %, ce qui équivaut à une stagnation. Reste à attendre les détails concrets de la mise en œuvre des projets annoncés, mais vu la lenteur habituelle de l’implémentation des nouveaux choix politiques, il va sans doute falloir s’armer de patience.
La confiance des marchés en Europe: comment les investisseurs louvoient entre Paris et Berlin …
Quoi qu’il en soit, l’Allemagne conserve son attrait pour les investisseurs. En février 2025, les fonds d’actions allemands ont récolté des capitaux de 1,28 milliard d’euros qui ont principalement pris la direction des secteurs de la défense et de la finance. Les obligations d’Etat allemandes restent populaires également pour leur statut de valeur refuge, notamment grâce aux abaissements des taux attendus de la part de la BCE et en raison de la crise de confiance à l’égard des emprunts d’Etat américains. La France renvoie quant à elle une image mitigée. Les actions des secteurs renfermant un potentiel structurel, comme la défense et l’aéronautique, restent attrayantes. Les obligations d’Etat françaises, en revanche, perdent du terrain. Leur prime de risque dépasse entretemps celles du Portugal et de la Grèce, ce qui en dit long sur l’inquiétude croissante au sujet des finances publiques du pays. A moins de réformes radicales, la solvabilité de la France se retrouvera de plus en plus sous pression, ce qui aura des retombées sur le coût de financement et la confiance des investisseurs
Conclusion : le style est important, mais c’est la coupe qui fait tout
Pour investir en Europe, il faut avoir le sens du détail. Dans un environnement volatil, la diversification reste essentielle, même lorsqu’il s’agit de choisir entre deux des grandes puissances européennes. Soutenue par une politique d’investissement robuste et par la confiance des investisseurs, l’Allemagne offre des opportunités tant en bourse que sur le marché obligataire. La France, en revanche, devrait revoir les fondements de son économie pour retrouver sa crédibilité : même le plus élégant des sacs à main perd de sa valeur si sa doublure se déchire …
Chiffres clés du 8/7/2025
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Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 |
4475,18 |
-0,27% |
4,94% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
545,71 |
0,41% |
7,50% |
USA: S&P 500 |
6225,52 |
-0,07% |
5,85% |
Japon: Nikkei |
39688,81 |
0,26% |
-0,52% |
Chine: Shangai Composite |
3497,48 |
0,70% |
4,35% |
Hongkong: Hang Seng |
24148,07 |
1,09% |
20,38% |
Euro/dollar |
1,17 |
-0,39% |
12,92% |
Brent pétrole |
70,19 |
0,80% |
-6,09% |
Or |
3292,62 |
-0,79% |
25,42% |
Taux belge à 10 ans |
3,23 |
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Taux allemand à 10 ans |
2,64 |
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Taux américain à 10 ans |
4,41 |
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