Sommaire
- Les bourses réservent un accueil tiède aux PMI favorables
- La baisse des taux de septembre est remis en cause aux États-Unis
- Les politiques des taux américaine et européenne présentent des divergences remarquables
- Que faut-il penser de la remontée des taux à long terme ?
Des enquêtes optimistes
L’activité industrielle semble reprendre de part et d’autre de l’Atlantique, même si cette relance est plus convaincante aux États-Unis qu’en Europe. Le secteur des services est par contre en proie à un léger refroidissement, ce qui n’empêche que son rythme de croissance demeure plus que satisfaisant aux États-Unis. Voilà en bref ce que révèlent les dernières enquêtes réalisées auprès des directeurs d’achat des deux blocs économiques. Et ces enquêtes, que l’on appelle "indicateurs PMI" dans le jargon, offrent souvent une indication fiable de l’évolution future de l’économie.
L’optimisme prudent que ces indicateurs expriment actuellement n’a pourtant pas vraiment été accueilli avec enthousiasme par les bourses hier. La raison en est qu’il pourrait inciter la Fed déjà hésitante à reporter une nouvelle fois l’abaissement des taux attendu pour le mois prochain. Cet abaissement des taux devrait en effet servir de traitement pour remédier au ralentissement de l’économie américaine. Mais évidemment, un patient en bonne santé n’a pas besoin de traitement…
Jackson Hole
Les investisseurs attendent avec impatience ce que Jerome Powell, le président de la Fed tant critiqué par Donald Trump, aura à nous dire aujourd’hui. Celui-ci se trouve en ce moment en compagnie des autres banquiers centraux et d’une véritable armée d’économistes et d’universitaires à Jackson Hole, dans le décor fabuleux des montagnes Rocheuses, pour le symposium qui y est organisé chaque année. Le président de la Fed nous fournira-t-il une indication sur ce qu’il a l’intention de faire en septembre? Car il faut bien l’admettre, le doute est permis. D’une part, la légère détérioration du marché de l’emploi américain jusqu’ici parfaitement sain plaide en faveur d’un abaissement des taux. Mais d’un autre côté, la hausse des prix et l’impact encore inconnu de la forte augmentation des droits de douane pourraient inciter un homme prudent comme Jerome Powell à attendre encore un peu.
Des divergences remarquables
Force est de reconnaître que cette année, la politique monétaire menée de part et d’autre de l’Atlantique diffère fortement. L’année dernière, les deux banques centrales avaient décidé d’abaisser les taux. La Banque centrale européenne s’y est prise quelques mois plus tôt que la Fed. Mais alors qu’en Europe, ces abaissements des taux se sont poursuivis cette année jusqu’à réduire de moitié le taux de rémunération des dépôts en l’espace d’un an, la Fed a quant à elle décidé en janvier de marquer une pause jusqu’à nouvel ordre. Il y avait deux raisons à cela: d’une part, l’économie américaine semblait faire preuve d’une résilience étonnante et d’autre part, Jerome Powell voulait d’abord voir l’effet que les barrières douanières de Donald Trump auraient sur l’inflation américaine. Une attitude attentiste qui lui a valu de s’attirer les foudres du nouveau président américain…
Un demi pour cent n’est pas l’autre…
Alors que les taux à court terme européens diminuaient dans le sillage de l’assouplissement monétaire, les taux à long terme, eux, se sont mis à grimper légèrement. En réalité, il s’agissait plutôt de fluctuations, mais si l’on relie les points les plus bas de la courbe, on distingue bel et bien une tendance haussière. Tant en France qu’en Allemagne, le taux des emprunts d’État à 10 ans affiche aujourd’hui sur papier un niveau d’un peu plus d’un demi pour cent supérieur à celui d’il y a un an. Une progression qui, pour une grande part, s’explique par les investissements projetés par les autorités. Car ceux-ci risquent d’augmenter encore la dette, déjà impressionnante dans nombre de pays.
Aux États-Unis également, les taux à long terme ont progressé d’environ un demi pour cent par rapport à il y a un an. Là, pourtant, on peut difficilement parler d’une tendance haussière. Les taux ont connu un pic en janvier, lors de l’entrée en fonction de Donald Trump. Une baisse s’est ensuite amorcée, interrompue il est vrai à plusieurs reprises par de brefs épisodes de stress. Donald Trump, avec ses réductions d’impôts, ne semble en effet pas avoir d’emblée l’intention de combler l’énorme déficit budgétaire hérité de son prédécesseur. Et donc la dette publique des États-Unis, déjà colossale, continue à augmenter à une vitesse fulgurante.
Feu aux poudres
Jusqu’ici, les bourses, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, semblent pouvoir s’accommoder de cette légère remontée des taux. Avec un écart d’à peine un demi pour cent en un an, on peut difficilement parler d’un séisme. Cependant, il convient de surveiller les facteurs sous-jacents. Jadis, les États étaient disposés à s’endetter pour venir en aide à l’économie, conformément à l’idéologie de l’économiste britannique John Maynard Keynes. Aujourd’hui, les États s’endettent pour des raisons qui sont en partie géopolitiques. Pensons par exemple au besoin accru d’investir dans la défense et à la nécessité de réformer l’économie allemande à présent qu’elle est privée du gaz russe bon marché et qu’elle rencontre des difficultés sur le marché chinois. Et aux États-Unis, nous avons un président qui, sous la devise "America First", veut marquer des points auprès de son électorat en mettant d’emblée le feu à toutes les poudres dont il dispose dans son arsenal économique…
Il n’en faut pas plus…
La bonne nouvelle, c’est que ces décisions par essence politiques peuvent en principe être facilement annulées si les circonstances l’exigent. D’un autre côté, l’augmentation de l’endettement fait que nous disposons de moins de munitions pour nous armer contre les revers économiques. Et des revers économiques, nous en avons tout de même connus quelques-uns au cours des dix dernières années, à commencer par la pandémie de coronavirus et la crise de l’énergie.
Jusqu’ici, les bourses voient surtout le bon côté des choses. Car davantage de dépenses publiques, cela signifie davantage de commandes, de travail, de chiffre d’affaires, etc. Sans compter l’effet multiplicateur. L’État paie les entreprises. Les entreprises paient leurs travailleurs et leurs actionnaires, qui ont ainsi de l’argent à dépenser. Et rien ne dit que le cycle s’arrête là. L’argent circule et cela stimule l’économie. Il n’en faut pas plus. Du moins pour l’instant…
Chiffres clés du 21/8/2025
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Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 |
4835,48 |
0,34% |
13,39% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
559,07 |
0,00% |
10,14% |
USA: S&P 500 |
6370,17 |
-0,40% |
8,31% |
Japon: Nikkei |
42610,17 |
-0,65% |
6,81% |
Chine: Shangai Composite |
3771,10 |
0,13% |
12,51% |
Hongkong: Hang Seng |
25104,61 |
-0,24% |
25,15% |
Euro/dollar |
1,16 |
-0,40% |
12,18% |
Brent pétrole |
67,68 |
1,21% |
-9,45% |
Or |
3338,80 |
-0,12% |
27,18% |
Taux belge à 10 ans |
3,30 |
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Taux allemand à 10 ans |
2,76 |
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Taux américain à 10 ans |
4,33 |
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