Sommaire
- Décimé par la crise financière et à présent en proie à une vigoureuse remontée
- La conjoncture macroéconomique joue en faveur des banques
- Des valorisations intéressantes en comparaison d’autres secteurs
La remontée spectaculaire d’un secteur qui revient de loin
Avec sa capitalisation boursière de 22,5%, le secteur financier est de loin le secteur qui pèse le plus lourd en Europe, d’autant qu’il s’est érigé en modèle du Vieux continent au cours de la décennie écoulée. Même s’il semblait déjà condamné dans le sillage de la grande crise financière de 2008, le secteur financier a encore perdu plus de la moitié de sa valeur entre 2010 et 2020.
Si l’on ne suit pas de près l’évolution des bourses, les rendements signés depuis lors par les banques européennes ont de quoi surprendre. En effet, les actions bancaires ont engrangé au cours des 5 dernières années des gains de l’ordre de 33% par an en moyenne, soit environ le double de la performance du fameux S&P 500. Et malgré la volatilité du mois d’avril, elles parviennent même à maintenir ce rythme de croissance en 2025, alors que ce même S&P 500, exprimé en euros, se trouve encore 5% dans le rouge.
Cette situation est-elle tenable ?
Enfin une marge d’intérêts à nouveau stable
Traditionnellement, les banques réalisent leurs bénéfices sur le différentiel d’intérêt entre ce qu’elles prêtent à long terme à leurs clients (par exemple sous la forme de crédits hypothécaires) et ce que les épargnants perçoivent sur les fonds qu’ils mettent à disposition à court terme. Avec les taux d’intérêt à long terme négatifs d’il y a 4 ou 5 ans, c’était évidemment difficile. Aujourd’hui, un emprunt d’Etat belge s’assortit d’un rendement de 3,13%, et cela fait un monde de différence. D’autant que les taux à court terme ont, avec l’inflation, nettement diminué ces dernières années. La Banque centrale européenne, par exemple, a réduit son taux de rémunération des dépôts de moitié au cours de l’année écoulée.
Il s’agit selon nos spécialistes d’une tendance qui devrait persister, du moins à court terme. Il suffit de voir ce que Moody’s a fait vendredi aux États-Unis. Alarmée par l’ampleur de la dette publique, l’agence de notation a révoqué la note AAA – la note maximale, pour rappel – des emprunts d’Etat américains. Et comme chacun le sait, une note de solvabilité inférieure peut se traduire par des taux d’intérêt plus élevés. Et comme les États-Unis ne sont pas le seul pays à afficher une dette publique colossale, loin de là, nous ne pensons pas que les taux à long terme risquent de baisser dans des proportions spectaculaires.
Les taux à court terme, en revanche, pourraient encore diminuer. Notre scénario de base ne table pas sur une récession, mais la crainte d’une stagflation aux États-Unis, la baisse des prix du pétrole et l’inflation avoisinant les 2% laissent aux banques centrales de la marge pour encore abaisser les taux. L’économie européenne, en particulier, s’accommoderait volontiers d’un tel soutien…
Ces deux évolutions font donc que la marge d’intérêts des banques va encore augmenter dans les mois à venir, ce qui profitera à la rentabilité.
Moins de provisions grâce à la reprise de l’économie
Cela dit, la marge d’intérêts n’est pas le seul facteur à prendre en compte. Les programmes incitatifs allemands et européens devraient permettre une croissance de l’économie dans les années à venir. Dès à présent, nous voyons le nombre de crédits contractés augmenter en prévision de cette évolution, tandis que les provisions constituées pour couvrir les défauts de paiement sont moins élevées qu’autrefois, notamment grâce aux règles désormais plus rigoureuses. Si l’économie européenne poursuit sa remontée, ces chiffres n’auront certainement pas tendance à se dégrader. Quant à la faiblesse du taux de chômage, elle est positive à la fois pour les crédits à la consommation et pour les charges salariales, qui demeurent pour le secteur le coût le plus important.
Et puis, les institutions financières ont l’avantage de ne pas être concernées par les taxes douanières. Dans un monde en pleine évolution, la stabilité des banques est un atout de taille, en particulier lorsqu’elle se traduit comme en l’occurrence par des bilans plus sains et un dividende plus que généreux…
Une valorisation raisonnable
Les valorisations des banques ne sont plus exceptionnellement bon marché. Sur la base des perspectives bénéficiaires, les actions bancaires ont désormais retrouvé le niveau de leur moyenne à long terme. Ce qui n’empêche que ces valorisations restent nettement inférieures à celles des autres secteurs ou régions. L’évolution spectaculaire des cours semble difficilement tenable, mais tous les ingrédients sont là pour permettre à la tendance positive de se poursuivre.
Chiffres clés du 19/5/2025
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Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 |
4462,46 |
0,34% |
4,64% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
549,99 |
0,13% |
8,35% |
USA: S&P 500 |
5963,60 |
0,09% |
1,39% |
Japon: Nikkei |
37498,63 |
-0,68% |
-6,01% |
Chine: Shangai Composite |
3367,58 |
0,00% |
0,47% |
Hongkong: Hang Seng |
23332,72 |
-0,05% |
16,31% |
Euro/dollar |
1,13 |
0,88% |
8,68% |
Brent pétrole |
65,54 |
0,14% |
-12,31% |
Or |
3235,37 |
1,82% |
23,24% |
Taux belge à 10 ans |
3,11 |
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Taux allemand à 10 ans |
2,58 |
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Taux américain à 10 ans |
4,46 |
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