La saison des accords

"C’est à Scott B. de décider !"

C’est sur ces mots que Donald Trump a envoyé son ministre des Finances à Genève pour initier les négociations avec la Chine sur les droits de douane. A en croire la déclaration laconique de Scott B. hier, celles-ci se seraient soldées par une "avancée substantielle". Il a en effet été annoncé aujourd’hui, que les deux pays vont considérablement réduire leurs droits de douane pour une période de 90 jours.

Un premier accord

Les Britanniques sont parvenus la semaine dernière à conclure un accord avec le gouvernement américain. La taxe générale de 10% reste d’application, mais la bonne nouvelle pour les Britanniques est qu’ils pourront aussi exporter jusqu’à 100.000 automobiles à destination des Etats-Unis à ce tarif, et que la taxe sur l’acier sera même supprimée.

Des taxes douanières pour financer les réductions d’impôts

D’autres pays semblent également enclins à conclure un accord avec Donald Trump, ou du moins à tenter le coup. Reste à voir où tout cela va mener. Ce qui est clair, en revanche, c’est que les taxes douanières sont pour l’administration américaine non seulement un outil de négociation, mais aussi une fin en soi. Les Etats-Unis espèrent sans doute renflouer ainsi les caisses de l’Etat pour pouvoir, plus tard dans l’année, financer les réductions d’impôts promises.
Le réalisme de cet espoir reste à prouver, d’autant que l’impact exact de toutes ces taxes sur l’économie américaine reste une grande inconnue. Si elles venaient à engendrer un refroidissement trop abrupt de l’économie, une bonne part des autres recettes fiscales risquent de se retrouver sous pression. Quant aux effets du dégraissage de l’appareil gouvernemental américain mené par Elon Musk, les opinions divergent. La seule certitude qu’il nous reste est donc l’incertitude…

La remontée parviendra-t-elle à se poursuivre ?

Après un vigoureux rebond, les bourses européennes et américaines ont globalement stagné la semaine dernière. Donald Trump a il est vrai levé le pied, mais les accords qu’il conclut laissent tout de même derrière eux des droits de douane substantiels. La plupart des économistes sont d’avis que ces taxes douanières pourraient considérablement ralentir la croissance américaine, voire la paralyser. Et pourtant, ce n’est pas encore vraiment perceptible à ce stade. Les indicateurs précurseurs faiblissent, la confiance des consommateurs en tête, mais les statistiques qui reflètent des données concrètes tiennent bon.

Composer avec la crainte de l’inflation et celle d’une récession

Cette dualité place Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine, dans une position délicate. D’une part, il doit tenir compte d’une envolée potentielle des prix – qui pourrait survenir plus rapidement que prévu avec toutes ces taxes douanières – et d’autre part, il doit adapter sa politique en fonction d’une économie qui pourrait fortement ralentir à l’avenir, mais qui n’en laisse rien voir pour l’instant. Cette situation l’incite à une certaine prudence lorsqu’il s’agit de l’assouplissement futur de sa politique. En dépit des pressions politiques, il veut attendre des signaux concrets d’un ralentissement de la croissance avant d’abaisser à nouveau les taux. Il est probable qu’il laissera d’abord passer l’été et procédera seulement en septembre à un premier abaissement, suivi d’un deuxième plus tard dans l’année.
En marge des taxes douanières en elles-mêmes, la versatilité de la politique américaine est un frein également. Difficile de planifier des investissements lorsque la donne change constamment… Il est certainement indiqué de rester suffisamment investi, mais la prudence est toujours de mise.