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Dettes publiques: à partir de combien est-ce trop?
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17 SEPT

Dettes publiques: à partir de combien est-ce trop?

17-9-2025
Mark Putzeijs – Investment Communication Manager
Mark Putzeijs Investment Communication Manager
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Rédigé le 17-9-2025 08:29
Publié le 17-9-2025 08:29
En cette semaine où toute l’attention va aux taux à court terme américains, nous revenons un instant sur les taux à long terme et les dettes publiques.
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Sommaire

  • Le gouvernement français se casse les dents sur l’assainissement du budget.
  • Les taux à 30 ans augmentent partout.
  • Les dettes publiques sont un phénomène plus complexe qu’il n’y paraît.

Un phénomène intemporel

Pour ainsi dire tous les Etats ont des dettes. Nous devons même en partie notre démocratie à ce mécanisme de l’endettement public. Au Moyen Age, les souverains devaient en effet accepter un régime représentatif s’ils voulaient augmenter les impôts. La semaine dernière, ce sont de lointains successeurs de ces Etats généraux qui ont refusé leur confiance au gouvernement français. L’enjeu du vote était un plan radical pour limiter la dette publique. Car cette dette, en France, est colossale, dépassant largement la valeur totale de tous les biens qui sont produits annuellement dans le pays…

Qui dit dettes, dit intérêts

Sur des dettes, on paie des intérêts. Cette règle, les Etats n’y font pas exception. Et plus le risque de problèmes de remboursement est grand, plus le taux d’intérêt exigé par les investisseurs est élevé. Après avoir affiché de faibles niveaux pendant des années, les taux d’intérêt sont à présent en train d’augmenter partout dans le monde. En ce moment, par exemple en France, ces charges d’intérêts sont aussi élevées que les dépenses en faveur de la défense et de l’enseignement réunies. On risque alors un effet boule de neige si l’on se retrouve contraint d’emprunter davantage rien que pour pouvoir rembourser les intérêts sur les dettes existantes.  

Aucune logique derrière les chiffres

Le poids de cet endettement est souvent évalué par rapport au PNB, c’est-à-dire la somme de toute la production d’un pays. En 1992, il a été convenu dans le traité de Maastricht que ce rapport, pour les Etats membres de l’Union européenne, devait idéalement ne pas excéder 60%. La France en est aujourd’hui à 113%, contrairement par exemple à l’Allemagne où la norme était jusqu’il y a peu encore de 60%. Vu sous cet angle, il ne semble donc pas illogique que le taux d’intérêt que la France doit payer sur ses emprunts d’Etat à 30 ans (4,05%) soit nettement plus élevé que le taux allemand (3,25%). Par contre, comment expliquer que les Etats-Unis doivent payer un taux encore bien plus élevé (4,7%) alors que leur endettement n’est somme toute pas tellement plus colossal (123%) ? Et que dire du Japon, dont la dette publique représente 237% du PNB ? Certes, le taux que le Japon paie aujourd’hui (3,45%) est bien plus élevé qu’il ne l’était dans un passé récent, mais il reste nettement inférieur à ceux de la France et des Etats-Unis. Qu’est-ce qui fait que ce mont Fuji de dettes n’est apparemment pas insurmontable ?

Quelques facteurs pour expliquer les différences

Le premier facteur à prendre en compte est le taux d’intérêt. Le Japon a longtemps été en déflation, ce qui a obligé ses autorités à veiller à tout prix à ce que les taux d’intérêt n’augmentent pas. Pendant longtemps, les taux d’intérêt sur les emprunts d’Etat ont même été négatifs. Dans ces conditions, un pays ne ressent évidemment pas le besoin de réduire l’endettement. Récemment, l’inflation s’est mise à augmenter, mais le Japon n’a jamais connu les niveaux auxquels nous avons été confrontés lorsque la guerre a éclaté en Ukraine.

Par ailleurs, la durée moyenne de la dette varie d’un pays à l’autre. Un pays dont la dette publique affiche une durée moyenne relativement longue paie peut-être plus d’intérêts, mais a moins de raisons de redouter un rebond soudain des taux d’intérêt. En Belgique, la durée moyenne de la dette publique est d’environ 10 ans, et le Japon n’en est pas loin. La dette publique des Etats-Unis, par contre, affiche une durée qui dépasse à peine 5 ans.

La question des détenteurs de la dette publique est un autre facteur qui explique pourquoi les charges d’intérêts sont aux Etats-Unis un aspect beaucoup plus problématique qu’ailleurs. Environ 50% des emprunts d’Etat américains sont détenus par des investisseurs asiatiques, souvent des banques centrales. Or, ces investisseurs externes sont moins fidèles et il faut alors des taux d’intérêt plus élevés pour les convaincre de réinvestir à chaque fois leur capital aux échéances. Ailleurs dans le monde, par exemple en Belgique et au Japon, la dette publique est plutôt détenue par les investisseurs locaux. Et ceux-ci sont évidemment plus faciles à motiver lorsqu’il s’agit de voler à la rescousse de leur pays dans des circonstances exceptionnelles… Il suffit de penser à la masse de capitaux que l’Etat belge est parvenu à lever en 2011 avec le bon d’Etat Leterme, et il y a 2 ans avec le bon d’Etat Van Peteghem.

Le dernier élément susceptible de changer la donne est le taux d’imposition. Théoriquement, les Etats qui rencontrent des difficultés à rembourser leur dette publique peuvent toujours augmenter les impôts pour se donner les moyens de respecter leurs engagements. Mais évidemment, pour des pays comme la Belgique et la France qui affichent déjà un taux d’imposition avoisinant les 50%, c’est plus difficile. A cet égard, il faut bien reconnaître que les Etats-Unis (32%) et le Japon (37%) disposent de beaucoup plus de marge…

Chiffres clés du 16/9/2025

Index Clôture +/- Depuis début 2025
Belgique: Bel-20 4707,31 -1,20% 10,38%
Europe: Stoxx Europe 600 550,79 -1,14% 8,50%
USA: S&P 500 6606,76 -0,13% 12,33%
Japon: Nikkei 44902,27 0,30% 12,55%
Chine: Shangai Composite 3861,87 0,04% 15,22%
Hongkong: Hang Seng 26438,51 -0,03% 31,80%
Euro/dollar 1,19 0,80% 14,46%
Brent pétrole 68,52 1,54% -8,32%
Or 3684,37 0,52% 40,34%
Taux belge à 10 ans 3,23
Taux allemand à 10 ans 2,69
Taux américain à 10 ans 4,03
Source : LSEG Datastream

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