La semaine dernière, les bourses sont parvenues à se remettre quelque peu de la correction abrupte qu’elles avaient subie le vendredi 10 octobre. Donald Trump avait alors menacé d’augmenter les taxes douanières à l’encontre de la Chine si cette dernière ne renonçait pas aux restrictions qu’elle avait imposées aux exportations de terres rares. Effrayé par la réaction négative des bourses, le président américain était cependant rapidement revenu sur ses propos en annonçant que les négociations commerciales avec la Chine étaient sur la bonne voie. L’accord commercial provisoire conclu entre les deux grandes puissances économiques arrivera bientôt à échéance, et il est probable qu’une rencontre aura lieu entre Donald Trump et Xi Jinping lors du sommet de l’APEC en Corée du Sud.
Cependant, la fin de semaine a aussi été ponctuée d’une journée de correction dans le sillage du regain d’inquiétude au sujet de la qualité du risque crédit des banques régionales américaines après les lourdes pertes sur les crédits confessées par Zions et Western Alliance.
Nous avons aussi pu observer ces dernières semaines des réactions vigoureuses des cours de la part des entreprises qui annonçaient des transactions dans le segment de l’IA. Après les accords conclus par OpenAI avec Nvidia, AMD et Oracle, c’était la semaine dernière au tour de Broadcom d’annoncer une collaboration rapprochée avec OpenAI. Les réactions spectaculaires des cours, parfois de 30% ou plus, ne sont pas sans rappeler à certains observateurs la bulle technologique de l’an 2000. Dans la presse financière, on commence d’ailleurs à voir le terme "bulle de l’IA" apparaître de plus en plus souvent. Les questions qui se posent sont en effet nombreuses. Les investissements dans l’intelligence artificielle pourront-ils continuer à augmenter à ce rythme, ou la capacité des centres de données finira-t-elle par être plus que suffisante ? Et parviendra-t-on à financer tous ces investissements ? Comme en 1999-2000, nous voyons se répandre à nouveau le phénomène du "vendor financing » : le fournisseur n’est plus payé entièrement au comptant, mais en partie sous forme d’une participation en actions dans le client. La rentabilité de ces investissements colossaux ne se révélera-t-elle pas décevante ? Et les capitalisations boursières exorbitantes (pensons par exemple au record de 4.500 milliards USD de Nvidia) sont-elles encore justifiées au regard des cash flows à long terme ?
D’autres observateurs trouvent rassurant que le marché ait pris conscience du risque de bulle, afin d’éviter un effondrement boursier. Quoi qu’il en soit, il n’est jamais une mauvaise idée de diversifier ses placements en direction d’autres segments du marché qui sont restés fortement à la traîne et qui commencent à peine à remonter la pente…
Le marché des matières premières est lui aussi en proie à des fluctuations marquantes. Après avoir franchi le 8 octobre le cap des 4000 USD, le prix de l’or a encore grimpé de presque 10% la semaine dernière, affichant ainsi une progression de plus en plus abrupte. Le prix de l’argent a lui aussi battu son record historique. Cela dit, il se pourrait que le rallye des métaux nobles ait tout de même été un peu trop rapide, car nous avons assisté vendredi à quelques prises de bénéfices sur l’or (-2,5%) et l’argent (-4%). La même conclusion s’impose d’ailleurs pour les prix des terres rares et de leurs mines, qui avaient crevé le plafond au début de la semaine dernière après la menace de la Chine de durcir son système de licences pour les exportations de terres rares mais qui sont retombés par la suite lorsque la Chine a laissé entendre qu’elle était encore disposée à négocier.
Au cours du dernier mois, le rallye des matières premières s’est aussi étendu aux métaux industriels comme le cuivre, l’étain, l’aluminium, etc. Pourtant, on ne peut pas dire que les indicateurs de confiance de l’industrie promettent une accélération convaincante de la croissance… En marge des effets cycliques traditionnels, la demande de métaux industriels comme le cuivre et l’aluminium dépend toutefois désormais de facteurs plus structurels comme la transition énergétique et les besoins énormes des centres de données et des infrastructures. De plus, les perturbations régulières de l’offre font que certains marchés se retrouvent plus rapidement que prévu en situation de pénurie (moins d’offre que de demande). La production de platine des mines sud-africaines a par exemple diminué à cause des fréquentes coupures d’électricité, tandis que la coulée de boue survenue à la mine de Grasberg exploitée en Indonésie par le groupe Freeport engendrera la fermeture de cette mine de cuivre (la plus grande au monde) pour au moins 6 mois. Le prix du cuivre s’est envolé à cette annonce et totalise désormais une progression de 21% depuis le début de l’année.
Nous observons une évolution inverse pour le prix du pétrole, qui est retombé à 61 USD et affiche ainsi un niveau d’environ 18% inférieur à celui du début de l’année. En cause, une augmentation substantielle de l’offre due au lancement opérationnel de plusieurs nouveaux projets d’extraction dans des pays non membres de l’OPEP, combiné à l’abandon progressif des limitations de la production décidées précédemment par l’OPEP. Jusqu’ici, seuls les conflits géopolitiques et la crainte d’une limitation des exportations en provenance de l’Iran et de la Russie empêchaient l’effondrement des prix du pétrole, mais les tentatives de ramener la paix à Gaza et en Ukraine sont à présent susceptibles d’apaiser quelque peu ces tensions.
La semaine prochaine sera marquée notamment par un sommet entre les Etats-Unis et la Russie en préparation de la rencontre prévue la semaine suivante entre Donald Trump et Vladimir Poutine, un sommet européen sur la défense et l’ouverture de l’assemblée plénière du Politburo chinois, qui fixera les nouveaux objectifs économiques mais qui pourrait aussi décider de nouveaux incitants.
Chiffres clés du 13/10/2025 au 17/10/2025 |
|||
Index | Clôture | +/- | Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 | 4963,34 | 0,85% | 16,39% |
Europe: Stoxx Europe 600 | 566,24 | 0,37% | 11,55% |
USA: S&P 500 | 6664,01 | 1,70% | 13,30% |
Japon: Nikkei | 47582,15 | -1,05% | 19,27% |
Chine: Shangai Composite | 3839,76 | -1,47% | 14,56% |
Hongkong: Hang Seng | 25247,10 | -3,97% | 25,86% |
Euro/dollar | 1,17 | 0,76% | 12,68% |
Brent pétrole | 61,28 | -2,45% | -18,01% |
Or | 4242,50 | 5,88% | 61,60% |
Taux belge à 10 ans | 3,13 | ||
Taux allemand à 10 ans | 2,58 | ||
Taux américain à 10 ans | 4,00 |
Cette lecture vous a-t-elle plu?