Sommaire
- Takaichi : la réponse japonaise à la démondialisation.
- Des dettes colossales, mais aussi beaucoup de placements.
- Un agenda nationaliste misant sur une augmentation des dépenses publiques.
- Quid de la fiabilité du partenaire de coalition ?
Une grande puissance atteinte de rhumatisme
Bien qu’étant retombé au cours des 30 dernières années de la deuxième à la quatrième place au classement des plus grandes économies au monde, le Japon n’en demeure pas moins une grande puissance économique. Atteinte de rhumatisme, certes, mais une grande puissance quand même. Le vieillissement rapide de la population y est pour beaucoup. Si environ 18% des Japonais étaient âgés de 65 ans ou plus en 2001, leur part avait déjà atteint 30% en 2024 et pourrait évoluer en direction de 37% d’ici 2045. En plus d’engendrer une diminution de la population active, ce vieillissement a aussi un effet sur les dépenses de retraite et de santé. Résultat : une économie s’assortissant d’une faible croissance et une dette publique qui gonfle à vue d’œil.
Une contradiction apparente
La dette publique japonaise a atteint en début d’année 235% du produit intérieur brut. Face à un pourcentage aussi astronomique, maints observateurs auront froncé les sourcils en entendant mardi la nouvelle première ministre japonaise parler d’augmenter les investissements publics pour stimuler l’économie du pays et renforcer la défense nationale. La bourse, elle, exulte. Déjà en grande forme depuis un an, le Nikkei a bien volontiers repris son ascension en apprenant que Madame Takaichi serait avec son agenda nationaliste le nouveau dirigeant du parti libéral-démocrate, et peut-être même du pays. Mais s’agit-il là d’attentes réalistes ?
Sous le capot
Pour répondre à cette question, il convient de plonger sous le capot de la dette publique japonaise. Et là, on fait tout de même quelques découvertes surprenantes. Car le Japon n’a pas que des dettes. Il a aussi un énorme portefeuille de placements. A en croire des économistes rattachés à la Fed de Saint-Louis, l’endettement net du pays (c’est-à-dire les dettes moins les capitaux propres) s’élèverait à "seulement" 78% du produit intérieur brut si l’on tient compte de ce portefeuille de placements. Vu sous cet angle, le Japon est dans une position nettement plus confortable que nombre de pays occidentaux. Et on comprend mieux, aussi, pourquoi Sanae Takaichi, à peine nommée première ministre, envisage des dépenses publiques additionnelles. Celles-ci sont destinées à mieux armer le Japon à présent que notre village global se décompose de plus en plus en blocs ennemis. Quant à la faiblesse du yen, la "Dame de fer" japonaise ne semble pas s’en inquiéter outre mesure…
Quid de la fiabilité de son allié ?
La perspective d’une augmentation des dépenses publiques a sur les actions japonaises à peu près le même effet que celui que nous avons observé au printemps en Europe, lorsque les plans d’investissement dans l’infrastructure et la défense ont été dévoilés. La capacité de Sanae Takaichi à réaliser son agenda dépendra notamment de son nouveau partenaire de coalition, le parti Ishin, lui aussi plutôt de droite. La nouvelle première ministre en a besoin pour disposer d’une majorité au parlement. Le parti Ishin n’a cependant pas encore promis de ministres, ce qui signifie qu’il peut encore se retirer à tout moment.
Anguille sous roche
Un autre risque réside dans la manière dont le pays a investi ses réserves. Pour une grande part, il s’agit d’actions et d’emprunts d’Etat étrangers. Ces actifs rapportent en moyenne davantage que les obligations sans risques, et le Japon en a bien profité ces 10 dernières années. Mais s’il venait à y avoir un revirement, ce choix pourrait se retourner contre lui.
Quoi qu’il en soit, la "Dame de fer" japonaise, comme on la surnomme volontiers en Occident, pourrait bien faire souffler un vent nouveau sur l’océan Pacifique. Et il vaudra de toute façon la peine d’observer la réaction de la Chine et des Etats-Unis…
Chiffres clés du 22/10/2025
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Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 |
5005,60 |
-0,80% |
17,38% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
572,29 |
-0,18% |
12,74% |
USA: S&P 500 |
6699,40 |
-0,53% |
13,90% |
Japon: Nikkei |
49307,79 |
-0,02% |
23,60% |
Chine: Shangai Composite |
3913,76 |
-0,07% |
16,77% |
Hongkong: Hang Seng |
25781,77 |
-0,94% |
28,52% |
Euro/dollar |
1,16 |
0,06% |
12,13% |
Brent pétrole |
62,64 |
2,10% |
-16,19% |
Or |
4039,20 |
-2,49% |
53,85% |
Taux belge à 10 ans |
3,11 |
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Taux allemand à 10 ans |
2,56 |
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Taux américain à 10 ans |
3,96 |
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