Sommaire
- Fragmentation du secteur
- Manque d’investissements
- Le rapport Draghi
- Implications pour les investisseurs
Fragmentation du secteur
Depuis le plancher de mars 2009, lorsque l’Euro Stoxx 50 a atteint son niveau le plus bas du millénaire, le secteur a enregistré les pires performances de la zone euro, accusant un retard de 65% par rapport à l’ensemble du marché.
Ces dernières années, le secteur des télécoms européen n’a pas été très gratifiant pour les investisseurs. Depuis au moins dix ans, le rendement sur le capital investi du secteur est inférieur de 7,7% au coût moyen pondéré du capital.
Le pouvoir de tarification est faible. Le revenu moyen par utilisateur n’est que de 15 euros en Europe pour les abonnements mobiles, contre 42 euros aux Etats-Unis et 23 euros au Japon.
Cependant, le contexte devient plus favorable pour le secteur. Les actions sont bon marché, mais la véritable attractivité reste de nature structurelle. Le secteur des télécoms européen reste non rentable en raison de sa fragmentation en 45 groupes d’opérateurs. Or cette fragmentation est désormais une priorité pour l’Union européenne.
Le problème principal est l’échelle. L’Europe compte 45 opérateurs européens avec plus d’un demi-million d’abonnés, comparé à seulement huit aux Etats-Unis, quatre en Chine et quatre au Japon.
Manque d’investissements
En raison de la faible rentabilité, le rendement sur le capital investi reste inférieur au coût du capital, ce qui freine les investissements. En Europe, les investissements dans le réseau sont estimés à seulement 118 euros par utilisateur, contre 226 euros aux États-Unis et 188 euros au Japon.
Ce manque d’investissements nuit également à la productivité future de l’UE. L’Europe reste à la traîne par rapport à la Chine, les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon en termes de capacité en gigabits et de couverture en fibre optique jusqu'au domicile (FTTH). La rareté de la FTTH augmente les coûts d'exploitation des opérateurs, obligeant les ménages et les entreprises à utiliser des lignes en cuivre, plus lentes. En matière de vitesse des données mobiles, l'Europe est aussi à la traîne, tout comme pour la couverture 5G.
Pourquoi est-ce important ? Aujourd’hui, les services représentent 76% du PIB de la zone euro. Des réseaux lents limitent le flux de données en temps réel et, par conséquent, la croissance de la productivité.
Le "Cloud Computing" devient la plateforme de référence pour les données et les logiciels. Sans connexions plus rapides, les entreprises européennes ne peuvent pas exploiter efficacement le cloud. Il est également prévu que les connexions Internet des objets (IdO) augmentent de 252 millions en 2022 à 844 millions en 2031. L'IdO nécessite la 5G avec faible latence, et le retard de l'Europe compromet cette croissance. L'intelligence artificielle exige également des connexions rapides. L'Europe ne peut pas exploiter de manière optimale la productivité de l'IA si elle est confrontée à des lignes mobiles et fixes plus lentes.
Le manque de rentabilité du secteur des télécoms au sein de l’UE nuit donc à ses perspectives de productivité. Sans une fibre plus rapide et sans la 5G, l’Europe risque de prendre du retard dans les domaines du cloud, de l’Internet des objets et de l’intelligence artificielle, qui sont les principaux moteurs de la productivité future.
Le rapport Draghi
Les fonctionnaires européens sont conscients de la fragmentation qui affecte le secteur des télécommunications et menace les perspectives de productivité de l’UE.
Les rapports incendiaires de Letta et Draghi publiés en 2024 répertoriaient les problèmes du secteur et affirmaient qu’une intégration plus poussée était la seule solution.
Le duo a fait plusieurs recommandations, portant notamment sur un marché interne pour la communication électronique, l’allègement de la charge administrative, l’harmonisation des lois et l’augmentation d’échelle.
L’objectif est de se doter d’un marché unique des télécommunications au niveau de l’UE, avec des règles harmonisées et des acteurs transfrontaliers de plus grande taille capables de combler l’écart d’échelle et d’investissement de l’Europe.
Implications pour les investisseurs
Le caractère défensif du secteur est un atout précieux dans cette phase du cycle économique.
Les valorisations sont attrayantes. Le rapport EV/EBITDA (valeur d’entreprise par rapport à la rentabilité) du secteur est tombé à 5,9, soit une décote de 37% par rapport au marché plus large et de 33% par rapport aux autres secteurs défensifs. Le rendement du free cashflow s’élève à 7,9%, soit 0,8% de plus que le marché plus large et 0,4% de plus que les autres valeurs défensives.
Le rôle joué par le secteur dans la quête de l'UE pour un marché unique des communications électroniques est crucial. Un assouplissement des règles de fusion est attendu, ouvrant la voie à la consolidation. Cette évolution augmenterait la rentabilité et permettrait une série de fusions et d'acquisitions, ancrant les primes de rachat dans de nombreuses valeurs. Après plus de quinze années difficiles, le secteur entrevoit enfin une voie vers une création de valeur durable.
Chiffres clés du 10/6/2025
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Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 |
4555,90 |
0,34% |
6,83% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
553,12 |
-0,02% |
8,96% |
USA: S&P 500 |
6038,81 |
0,55% |
2,67% |
Japon: Nikkei |
38211,51 |
0,32% |
-4,22% |
Chine: Shangai Composite |
3384,82 |
-0,44% |
0,99% |
Hongkong: Hang Seng |
24162,87 |
-0,08% |
20,45% |
Euro/dollar |
1,14 |
0,15% |
10,34% |
Brent pétrole |
66,88 |
0,54% |
-10,52% |
Or |
3325,80 |
0,08% |
26,68% |
Taux belge à 10 ans |
3,07 |
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Taux allemand à 10 ans |
2,53 |
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Taux américain à 10 ans |
4,47 |
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