Sommaire
- Une dissociation de la Chine pourrait perturber considérablement la chaîne d’approvisionnement des États-Unis
- Hormis les problèmes d’approvisionnement, il y a aussi un risque de pression sur les marges, d’inflation et de déclin de la croissance
- Les prévisions avancées par certaines entreprises témoignent d’une prudence croissante
Un pas en retrait… temporairement
Les taxes douanières annoncées le 2 avril – à l’occasion du fameux "Liberation Day" – ont provoqué une grande commotion. Pour calmer le jeu, Donald Trump s’est montré disposé à limiter temporairement le tarif à 10% pour la plupart des pays.
Pour la plupart des pays, mais pas pour la Chine. Cette dernière avait en effet annoncé de lourdes mesures de rétorsion dès le lendemain du "Liberation Day", et le gouvernement américain a cru bon de riposter par des mesures plus sévères encore. Résultat : aux droits d’importation chinois de 125% sur les biens américains est venu s’opposer un tarif douanier américain de 145%. Devant la consternation générale, quelques exceptions ont été accordées çà et là, mais sans parvenir à apaiser le marché. Donald Trump s’est alors hâté de poster sur les réseaux sociaux quelques messages suggérant des négociations et faisant miroiter la possibilité de taxes nettement inférieures à l’avenir. Et là, Wall Street a tout de même dressé l’oreille…
Pas de dissociation sans dommages collatéraux
Mais pourquoi le marché se montre-t-il si sensible à la confrontation entre la Chine et les États-Unis ? La raison fondamentale en est qu’en dépit de tout ce qui se dit au sujet de la démondialisation, nous vivons dans un monde où les continents sont à bien des égards interdépendants. Peut-on se défaire de cette dépendance ? Oui, mais cela aura un prix considérable. Assez pour effrayer Wall Street…
Plus facile à dire qu’à faire
Vous me direz : si les produits chinois deviennent trop chers à cause des taxes douanières, les Américains n’ont qu’à les importer d’ailleurs, ou les fabriquer eux-mêmes. C’est vrai, mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Les chaînes logistiques ne se déplacent pas du jour au lendemain. D’abord, il faut surmonter un tas de problèmes pratiques.
Parmi les 200 milliards USD de biens importés par les États-Unis, la part de la Chine est au moins de 60%. D’où la question : peut-on les remplacer par de la production venue d’ailleurs ? La capacité existe-t-elle pour cette production additionnelle ? Dans la négative, combien de temps faudra-t-il pour créer cette capacité ? De quelles garanties disposera-t-on quant à la qualité de ces produits ? Comment va-t-on les transporter ? Et enfin, car c’est tout de même de cela qu’il s’agit, à quel prix pourront-ils être livrés ? Car si les produits chinois représentent la part du lion des importations américaines, ces biens sont aussi environ 30% moins chers que ceux des autres pays. Et 30%, ce n’est pas rien.
Moralité…
Une dissociation brutale des économies américaine et chinoise pourrait donc non seulement engendrer toutes sortes de problèmes au niveau des chaînes d’approvisionnement de l’industrie ou de l’économie américaine, mais elle pourrait aussi rendre cet approvisionnement beaucoup plus onéreux. On risque donc des perturbations au niveau de la production des entreprises américaines, mais aussi des coûts beaucoup plus élevés. Ces coûts, les entreprises voudront les répercuter sur le consommateur américain, mais ce ne sera pas toujours possible. Et donc, l’écart entre les coûts de production et les prix de vente va diminuer pour certaines entreprises. C’est ce que l’on appelle la pression sur les marges. Et toutes choses égales par ailleurs, cela signifie aussi moins de bénéfices…
Á supposer que les entreprises parviennent tout de même à répercuter l’augmentation des coûts, les droits de douane plus élevés se traduiront par une perte de pouvoir d’achat pour le consommateur américain. Ce qui n’augure rien de bon pour le chiffre d’affaires futur des entreprises…
Globalement, les résultats que les entreprises américaines publient en ce moment au sujet du premier trimestre sont plutôt positifs. Dans les perspectives avancées, cependant, on relève une certaine prudence au sujet de la "politique économique". Pour Wall Street, la conclusion est donc évidente : Washington et Pékin ont tout intérêt à ne pas laisser leur conflit commercial dégénérer.
Chiffres clés du 28/4/2025
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Index |
Clôture |
+/- |
Depuis début 2025 |
Belgique: Bel-20 |
4332.93 |
0.62% |
1.60% |
Europe: Stoxx Europe 600 |
523.19 |
0.53% |
3.07% |
USA: S&P 500 |
5528.75 |
0.06% |
-6.00% |
Japon: Nikkei |
35839.99 |
0.38% |
-10.16% |
Chine: Shangai Composite |
3288.41 |
-0.20% |
-1.89% |
Hongkong: Hang Seng |
21971.96 |
-0.04% |
9.53% |
Euro/dollar |
1.14 |
0.09% |
9.89% |
Brent pétrole |
65.88 |
-1.60% |
-11.85% |
Or |
3329.20 |
1.73% |
26.81% |
Taux belge à 10 ans |
3.09 |
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Taux allemand à 10 ans |
2.51 |
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Taux américain à 10 ans |
4.21 |
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